Solenn Poullennec

Une étude estime que cette technologie aiderait les compagnies à réduire leurs coûts de distribution.
Les assureurs ne devraient pas traîner pour
explorer le potentiel de la « blockchain »
, sous peine de devenir « vulnérables ». Tel est l’avertissement lancé par The Boston Consulting Group (BCG) dans une étude récente.

Selon le cabinet de conseil, l’usage de cette
technologie émergente,
censée garantir la réalisation de transactions numériques sécurisées sans le recours à un tiers de confiance, permettrait aux assureurs de doper leur rentabilité. La chaîne de blocs pourrait faire chuter leur ratio combiné (rapport de la somme des frais de gestion et du coût des sinistres sur les primes) de 5 à 13 points de pourcentage. « Quasiment tous les secteurs de l’assurance pourraient enregistrer des bénéfices similaires, à l’exception du domaine de l’assurance-vie, qui s’attache plus aux investissements qu’aux transactions », assure le cabinet de conseil.

Premières initiatives
Le BCG prend toutefois soin de noter que ses prévisions de renforcement de l’efficacité de gestion des assureurs ne se réaliseraient que dans des « circonstances idéales ». Dans ce scénario, les assureurs utiliseraient massivement la technologie, par exemple pour gérer toutes les informations sur les contrats et le règlement des sinistres. De quoi s’éviter un très grand nombre de tâches manuelles… et de coûts afférents. La chaîne de blocs pourrait également aider les assureurs à mieux connaître leurs clients et donc à mieux fixer le prix de leurs services et lutter contre la fraude.
Certains assureurs et réassureurs ont déjà décidé d’unir leurs forces
pour explorer les opportunités de la « blockchain ». Des premières offres d’assurance fondées sur cette technologie ont même fait leur apparition, comme
celle développée par le géant français AXA
pour indemniser les passagers confrontés au retard de leur avion.

Pour autant, le BCG reconnaît toutefois qu’à ce jour de nombreux obstacles, notamment techniques, préviennent les compagnies de son adoption massive.

Une technologie qui commence à faire ses preuves dans l’affacturage
Sharon Wajsbrot
HSBC France et Euler Hermes ont testé l’utilisation d’une « blockchain » pour mieux imbriquer l’assurance-crédit dans les contrats d’affacturage.
La « blockchain » ne fait pas seulement ses preuves dans le financement du
commerce international
. Ces derniers mois, cette technologie a aussi été mise à profit pour optimiser le processus par lequel les affactureurs financent les créances commerciales de leurs clients.

Dans le cadre de ce qui n’est, pour l’instant, qu’un prototype ou « proof of concept » (PoC), HSBC France et l’assureur-crédit Euler Hermes ont testé la souscription d’une assurance-crédit destinée à couvrir des créances commerciales soumises à un affactureur directement depuis une chaîne de blocs.
Confidentialité
« Les
sociétés d’affacturage
financent principalement des créances couvertes par une assurance-crédit, d’où l’importance d’avoir les créances de nos clients PME couvertes le plus rapidement possible. Grâce à la ‘blockchain’, le client, l’assureur et l’affactureur partagent en temps réel la même information sur les créances, les couvertures d’assurance et le financement. On s’évite ainsi de multiples actions intermédiaires », explique Olivier Sabineu, directeur de l’affacturage chez HSBC. Il estime plus globalement que la technologie « blockchain » « va changer durablement l’ensemble des métiers de flux bancaires ».

Exploratoire, cette démarche d’HSBC et d’Euler Hermes doit toutefois être approfondie avant d’être généralisée. « Le dispositif fonctionne mais la technologie peut encore être améliorée. Nous avons travaillé sur la ‘blockchain’ Ethereum, une technologie qui présente une complexité de mise en oeuvre et des enjeux de confidentialité des données », confirme Charles Ruelle, qui codirige l’agence numérique d’Euler Hermes. Les tests doivent donc se poursuivre et, cette fois, avec des entreprises clientes de HSBC ou d’Euler Hermes.
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