LAURENT THÉVENIN
LES APPELS À LA MODÉRATION EN TERMES DE REVALORISATION DES TAUX SERVIS SUR LES FONDS EUROS ONT ÉTÉ « ASSEZ LARGEMENT ENTENDUS », SELON L’ACPR.
Si les taux d’intérêt ont commencé à remonter depuis le point bas touché en octobre 2016, les autorités maintiennent la pression sur les assureurs-vie. « La modération des taux servis en assurance-vie est nécessaire pour préserver leur solvabilité », a réaffirmé François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), à l’occasion de la présentation, lundi, du rapport d’activité 2016 du superviseur de la banque et de l’assurance. « C’est une tendance que nous avons heureusement observée en 2016 sur les supports en euros, même si le rendement moyen servi reste significatif à 1,9 % », a-t-il ajouté.

Les appels réitérés à la prudence en matière de fixation des rendements servis sur les fonds euros – des supports composés d’abord d’obligations et qui continuent de drainer l’essentiel de la collecte – auront donc été « assez largement entendus », selon Bernard Delas, vice-président de l’ACPR. En 2015, ceux-ci avaient encore rapporté 2,27 % en moyenne.

Réduction des coûts
Dans un contexte de taux toujours très bas, il s’agit aussi pour les assureurs « de poursuivre l’adaptation de leur modèle d’affaires », insiste Bernard Delas. « Ils devront, en particulier, en assurance-vie, continuer de faire évoluer leurs politiques commerciales et de gestion et réduire leurs coûts », détaille-t-il. Les compagnies d’assurance-vie cherchent plus que jamais à pousser les épargnants vers les supports en unités de compte (UC) et à les détourner autant que possible des fonds en euros. Elles y ont d’autant plus intérêt que les UC, qui n’offrent pas la garantie du capital contrairement aux fonds euros, sont moins gourmandes en capitaux propres et plus rémunératrices. Leurs efforts commencent à payer, puisque les UC représentaient 27 % des cotisations sur les quatre premiers mois de 2017, contre 20 % sur l’ensemble de l’année 2016, d’après les derniers chiffres de la Fédération française de l’assurance.

« L’ACPR est vigilante quant aux conditions commerciales de cette évolution », a toutefois prévenu François Villeroy de Galhau. Les UC, qui font espérer un rendement plus élevé pour les épargnants, sont en effet aussi plus risquées que les fonds en euros.

À noter
Le ratio moyen de solvabilité des compagnies supervisées par l’ACPR est resté stable en assurance-vie à fin 2016, autour de 200 %. En assurance non vie, il est passé de 250 % fin 2015 à 276 % un an plus tard.
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