De gros nuages à l’horizon. Certes, la crise financière de 2008 est désormais dépassée, estime l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) dans une étude publiée mercredi. Mais le remède employé depuis sept ans pour sauver l’économie mondiale pourrait déclencher une violente rechute : en clair, les grandes banques centrales ont déversé des tombereaux de liquidités dans l’économie et écrasé les taux d’intérêt dans le but de relancer l’activité. Cette stratégie a eu pour effet d’encourager les acteurs de marché à se lancer dans une quête de rendement, les conduisant à investir dans des titres « dont les prix ne reflètent sans doute pas de manière réaliste les risques qui leur sont associés », prévient l’OCDE.

Le jour où le « vrai » niveau de risque réapparaîtra, le retour de bâton pourrait être violent. Parmi les périls pointés par l’OCDE, les organismes de retraite et les compagnies d’assurances doivent résoudre la quadrature du cercle : maintenir leurs engagements vis-à-vis des épargnants tout en faisant face à l’allongement de la vie, et cela sans prise de risque excessive. Une vraie gageure, sauf à ce qu’une amélioration de l’environnement économique provoque enfin une « bonne » remontée des taux leur permettant de « tenir leurs promesses ».

 La situation est aussi porteuse de déceptions pour le financement des entreprises. Ainsi, les PME ne bénéficient pas suffisamment des marchés par nature « mieux placés pour accepter les risques afférents au financement de long terme ». Pour les entreprises un peu plus grandes, ayant accès au marché obligataire, la recherche de rendement rend les investisseurs moins regardants. « La course au rendement a entraîné un recul des clauses de protection, ce qui réduit la liquidité de ces obligations », prévient l’OCDE. Ainsi, en cas de tensions sur les taux, ces titres deviendraient invendables. Enfin, les entreprises cotées sont elles aussi en risque : sous la pression de leurs actionnaires « il existe un risque très réel que les liquidités soient […] reversées par les entreprises sous forme de dividendes et de rachats d’actions pour doper les rentabilités à court terme », souligne l’OCDE. Les actionnaires en viendraient ainsi, paradoxalement, à se détourner des entreprises les plus productives. 
Edouard Lederer, Les Echos