Si des « bookmakers » avaient parié sur une reconduction de Michael Diekmann à la présidence d’Allianz pour plusieurs années, ils en sont pour leurs frais. Alors que cette hypothèse avait les faveurs des pronostics ces derniers jours, le premier assureur européen a annoncé jeudi son départ en mai 2015. Atteint par la limite d’âge des soixante ans le 23 décembre, Michael Diekmann ira donc seulement jusqu’à la prochaine assemblée générale du groupe allemand. C’est Oliver Bäte, actuellement membre du directoire en charge de l’assurance pour l’Europe de l’Ouest et du Sud, qui le remplacera alors, le 7 mai prochain.

A la tête du géant bavarois depuis 2003, Michael Diekmann confiait cet été avoir « toujours de l’envie », lui qui pouvait se prévaloir d’un résultat opérationnel de 5,5 milliards d’euros pour le premier semestre. Mais le contexte a beaucoup changé depuis.

 
 

Coup de tonnerre

Le départ surprise, le 26 septembre, de Bill Gross, le cofondateur et gérant vedette de Pimco, la filiale américaine de gestion d’actifs d’Allianz, a été un véritable coup de tonnerre. Cette annonce s’est déjà traduit par le départ de plusieurs clients de Total Return Fund, le fonds vedette de Pimco, qui avait déjà subi 70 milliards de dollars de retraits au cours des 16 mois précédents (« Les Echos » du 1er octobre) et une décollecte record de 23,5 milliards de dollars pour le seul mois de septembre. L’affaire est d’autant plus importante pour l’assureur allemand que Pimco lui apporte actuellement un quart de son résultat opérationnel. Depuis jeudi, le titre Allianz a perdu près de 8 % à la Bourse de Francfort.

« Le premier challenge du nouveau président sera de remettre Pimco sur les rails et d’endiguer les sorties d’argent », a expliqué un analyste à l’agence Bloomberg. « Oliver Bäte a été un des hommes clefs qui a permis à Allianz de traverser en sécurité la crise financière et la crise des dettes souveraines », souligne un autre.

A quarante-neuf ans, Oliver Bäte faisait partie des successeurs possibles de Michael Diekmann. Chez Allianz depuis 2008, cet ancien de McKinsey a notamment été le directeur financier du groupe. Sa nomination début 2013 comme responsable des activités d’assurance pour la France, le Benelux, l’Italie, la Grèce et la Turquie, ainsi que de la ligne de métier d’assurance de biens et de responsabilité, était perçue, par beaucoup, comme un signe supplémentaire de sa montée en puissance.

Cette annonce se double d’autres mouvements. Allianz est allé chercher chez Generali Sergio Balbinot pour superviser en tant que membre du directoire ses activités en Europe du Sud et de l’Ouest. Celui qui fut l’un des hommes forts de Generali pendant des années avant l’arrivée de Mario Greco à la tête de l’assureur italien en 2012, prendra ses nouvelles fonctions le 1er janvier. Axel Theis, l’actuel patron d’Allianz Global Corporate & Specialty, la filiale dédiée aux grands risques, va lui aussi faire son entrée au directoire début 2015. 

Laurent Thévenin, Les Echos