L’année 2012 aura été un bon cru pour le secteur de la réassurance qui devrait être en mesure d’absorber d’éventuels impondérables en 2013. Signe de leur confiance dans l’avenir, les principaux réassureurs ont augmenté le niveau des dividendes versés à leurs actionnaires. Il faut dire que leurs bénéfices ont grimpé sensiblement en 2012 par rapport à 2011. Les acteurs ont ainsi enregistré des progressions de leur résultat net comprises entre 26,7 % pour SCOR et près de 60 % pour Swiss Re, ce dernier ayant bénéficié de plus-values exceptionnelles.

Trois facteurs expliquent ces bonnes performances. Le premier est un niveau de primes relativement élevé. Après une année 2011 marquée par de nombreuses catastrophes naturelles, les réassureurs avaient en effet augmenté leurs prix, de 2 % à 6 % en moyenne sur deux ans. Dans le même temps, et c’est le deuxième levier de performance, le secteur a connu une année 2012 calme par rapport à la moyenne en matière de sinistres. L’ouragan Sandy, qui a ravagé une partie de la côte Est américaine fin octobre, a constitué le seul événement majeur l’an dernier. Enfin, les acteurs de la réassurance ont bénéficié d’un environnement boursier assagi qui leur a permis de tirer de meilleurs revenus financiers de leurs placements. Dans ces conditions, tous ont pu améliorer leur rentabilité afin de faire repasser leur ratio combiné (frais et sinistres rapportés aux primes) sous la barre des 100 %.

Contraintes

Les réassureurs ne baisseront pas pour autant la garde en 2013, car leurs marges de progression seront plus contraintes. En publiant ses résultats hier (voir ci-dessous), Munich Ré a d’ailleurs prévenu qu’il visait un résultat net de 3 milliards d’euros pour l’année en cours, contre 3,2 milliards en 2012. «  Les possibilités d’augmenter leurs tarifs sont désormais limitées compte tenu de l’abondance de capacités disponibles, souligne un analyste du secteur. Ils doivent par ailleurs tenir compte de la situation de leurs grands clients assureurs, dont les capacités financières sont limitées ».

Mais le vrai sujet porte sur l’environnement de taux très bas qui limitent les gains financiers sur le placement des primes des réassureurs. «  En réalité, les actionnaires ne perçoivent pas la totalité de l’amélioration technique des acteurs parce que leurs hausses tarifaires et leur rentabilité renforcée compensent le recul des rendements de leurs placements financiers », souligne un second analyste. Dans ces conditions, les réassureurs iront chercher des relais de croissance sur les marchés émergents, notamment en Asie, en Amérique latine et dans les pays du Golfe. Le mouvement est déjà bien enclenché puisque l’Asie-Pacifique représente déjà 19 % des primes de SCOR.