Rares sont les PME qui disposent d’un matelas financier suffisamment épais pour faire face à des événements imprévus ». L’assureur Axa dresse un constat sévère de la situation de crise que vivent les petites et moyennes entreprises. Selon une étude réalisée en 2011 par l’assureur français sur 650 PME de 8 pays européens, d’Inde et des États-Unis, 51 % des PME détiennent moins de deux mois de chiffre d’affaires en réserve de trésorerie.

Si aux États-Unis et en Inde, la situation est encore loin d’être alarmante, les PME françaises et anglaises inquiètent. Seules respectivement 14 % et 6 % d’entre elles détiennent plus de trois mois de trésorerie. Mais rares sont celles qui se couvrent efficacement contre tous les risques imprévus susceptibles d’affecter leur santé financière.

Seules 36 % des entreprises interrogées par Axa ont souscrit une assurance perte d’exploitation pour couvrir la perte de revenus liée à des événements imprévus. Le risque de crédit, très présent en cette période de crise, est également très peu couvert. Seules 23 % des PME ont en effet souscrit une assurance crédit. En revanche « les contrats d’assurance dommages notamment pour couvrir les bâtiments et les biens sont largement utilisés », indique Axa. Le taux de pénétration des produits d’assurance des locaux et des équipements est ainsi particulièrement élevé (71 %), tout particulièrement en Irlande (86 %), en France (84 %) et en Suisse (86 %). 44 % des entrepreneurs individuels ont de leur côté souscrit une assurance dommages contre 82 % pour les entreprises dotées de 50 à 99 salariés. Enfin, 72 % des entreprises interrogées ont souscrit un produit d’assurance biens et matériels.

« Mieux se préparer »

« Au-delà des besoins financiers », Axa note une nécessité pour les PME de mieux se préparer aux risques liés à leur activité. En plus de se couvrir contre les risques de dommages aux biens, les petites et moyennes entreprises ont aussi intérêt à se protéger contre la perte d’un « homme clé » ou souscrire des couvertures maladie renforcées pour les associés ou les directeurs. Surtout, les PME doivent « mettre en place un plan de continuité structuré susceptible de parer aux éventuelles catastrophes » et prévoir une réserve de trésorerie pour ces situations exceptionnelles. À ce titre, l’assureur a un rôle à jouer pour « encourager la prise de conscience et proposer des solutions (évaluation des risques, gestion des sinistres…) permettant aux PME de surmonter les difficultés auxquelles elles sont confrontées », selon Olivier Mariée, directeur marketing et distribution du groupe Axa.

Un sinistre mal indemnisé peut menacer la survie d’une entreprise

Les exemples d’entreprises imprévoyantes ne manquent pas. Eurotunnel qui n’était pas assuré en perte d’exploitation et qui a dû assumer les conséquences (57 millions d’euros de pertes en 2010) d’une fermeture partielle du tunnel sous la manche pendant 5 mois après un incendie, fait à cet égard figure de cas d’école. La crise a provoqué de multiples changements opérationnels dans les entreprises avec de nouveaux risques à la clé, souvent méconnus par les dirigeants, selon une étude de la société Mactavish. Par exemple, la recherche de fournisseurs à moindres coûts dans des zones éloignées ou des pays émergents a fait évoluer l’exposition de certaines entreprises aux catastrophes naturelles. Le séisme au Japon a montré que beaucoup de sociétés n’étaient pas préparées et pas protégées contre la rupture de leur chaîne d’approvisionnement, alors que des couvertures d’assurance existent pour indemniser ou aider à déployer des dispositifs de continuation d’activité. Mal identifiés, ces risques sont mal communiqués aux courtiers et à l’assureur.

Bien informer son assureur

« Les PME et PMI sont les plus exposées à ce problème car la personne qui gère l’assurance n’est souvent pas une spécialiste », explique-t-on chez Mactavish. Sur le marché britannique, ce sujet a une résonance particulière car 87 % des acheteurs d’assurance n’ont pas conscience que l’obligation de bien informer son assureur repose sur eux, ce qui est source de nombreux contentieux au moment d’une demande d’indemnisation après un sinistre. En France, comme le souligne la société d’études, la situation est différente car c’est à l’assureur de poser les bonnes questions à son client. S. So.