Fin de partie pour Martin Senn chez Zurich Insurance Group. Celui qui dirigeait le quatrième assureur européen depuis 2010 a décidé « d’un commun accord avec le conseil d’administration » de démissionner de son poste, a annoncé mardi le groupe suisse. Son départ sera effectif à la fin de l’année. En attendant de nommer son remplaçant, Tom de Swaan, l’actuel président du conseil d’administration, va assurer l’intérim comme directeur général.

Le départ de Martin Senn n’est pas vraiment une surprise – ces dernières semaines, des informations de presse affirmaient que l’assureur avait mandaté un cabinet de chasseurs de têtes pour lui trouver un successeur. Il vient ponctuer une séquence très délicate pour Zurich. Alors qu’il envisageait cet été l’acquisition de son concurrent britannique RSA pour 5,6 milliards de livres (7,9 milliards d’euros), l’assureur helvétique avait finalement renoncé à déposer une offre de rachat fin septembre. Sa décision était sous-tendue par des difficultés rencontrées sur sa branche d’assurance-dommages, qui l’avaient conduit à formuler un avertissement sur résultat. Au troisième trimestre, Zurich avait ainsi fait état d’un bénéfice net en chute de 79 %, du fait notamment de pertes liées aux explosions dans le port chinois de Tianjin pour 275 millions de dollars.

Sur le plan boursier, Zurich est aussi à la peine en 2015. Depuis le début de l’année, son titre est en repli de plus de 13 %, face à un indice sectoriel de référence Stoxx Europe 600 Insurance en progression de plus de 18 %. « Nous avons connu des revers ces derniers mois, mais je suis convaincu que nous avons pris les bonnes mesures pour que Zurich puisse atteindre ses objectifs », a déclaré Martin Senn dans le communiqué publié mardi, alors que le groupe est en train de passer en revue son portefeuille d’assurance-dommages.

Le départ de l’intéressé n’aura aucun impact sur la stratégie et sur les objectifs financiers, a affirmé Zurich, qui arrive aux deux tiers de son plan stratégique 2014-2016. Le groupe doit en dire plus en février sur l’utilisation qu’il compte faire de 3 milliards de dollars de capitaux excédentaires. Il préférerait les dépenser pour de la croissance organique, a indiqué Tom de Swaan lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Mais, en cas d’une poursuite de la concentration du secteur, « il est clair que Zurich sera dans le camp des consolidateurs », a-t-il ajouté. Le président de Zurich a par ailleurs esquissé le portrait-robot du candidat recherché pour prendre la suite de Martin Senn. Il viendra de l’extérieur et devra être « un entrepreneur, un leader avec une profonde connaissance de l’assurance et une expérience de patron ». 

Laurent Thévenin, Les Echos