La sanction des marchés ne s’est pas faite attendre. SCOR a chuté de 6,93 % jeudi à la Bourse de Paris, signant la plus forte baisse de l’indice SBF 120, après que le journal japonais « Nikkei » a affirmé que le principal actionnaire du réassureur français, le japonais Sompo Japan Nipponkoa Holdings, abandonnerait son projet de monter à au moins 15 % du capital et pourrait même céder ses titres.

Dans un bref communiqué, l’assureur Sompo a indiqué jeudi «  réfléchir actuellement à des changements dans sa participation », tout en assurant que « rien n’avait été décidé à ce stade ». Mais «  une annonce sera faite rapidement », a ajouté le groupe. De son côté, SCOR ne faisait aucun commentaire.

« C’est une histoire étonnante depuis le début », fait remarquer un analyste. Début mars, l’annonce de l’entrée de Sompo au capital de SCOR avait en effet créé la surprise générale. L’assureur japonais avait alors repris la participation de 7,79 % de Patinex, la société du financier suisse Martin Ebner, affichant l’objectif d’augmenter par la suite sa participation « à 15 % ou plus ». Il espérait via cette participation accroître son bénéfice net annuel de l’ordre de 10 milliards de yens (75 millions d’euros), d’après des informations de presse.

Création d’une nouvelle compagnie

Mais depuis, aucune annonce de franchissement de seuil n’a été notifiée par l’assureur nippon. Autre élément troublant, Sompo, qui avait auparavant racheté le réassureur britannique Canopius, a récemment annoncé la création d’une compagnie de réassurance basée à Zurich, se posant donc en concurrent de SCOR.

Selon le Nikkei, « des différences de stratégie sont apparues au cours des négociations, compliquant la mise en place des synergies recherchées et incitant Sompo Japan à changer ses plans ». Un autre élément aurait joué dans cette décision, avancent le quotidien des affaires japonais et l’agence Kyodo : la hausse du cours de l’action de SCOR, qui s’est appréciée d’environ 20 % depuis l’annonce de la transaction.

Quand Sompo avait fait irruption à son tour de table, le cinquième réassureur mondial affirmait que cette participation n’avait «  aucune conséquence ni sur [son] développement stratégique ni sur sa gouvernance et sa gestion ». Selon le même analyste, un abandon par Sompo de ses projets d’investissement ne devrait avoir aucun impact sur le groupe dirigé par Denis Kessler. « Il était difficile de voir les synergies recherchées par Sompo. A partir du moment où il n’apportait pas grand-chose de stratégique pour SCOR, cela ne va rien changer », estime-t-il.

Reste donc à connaître maintenant la décision de Sompo, qui comme tous les grands assureurs japonais cherche actuellement des relais de croissance hors de l’Archipel. 

Laurent Thévenin, Les Echos