Le suspens n’aura pas duré. Moins de quarante-huit heures après les premières fuites dans la presse, le japonais Sompo Japan Nipponkoa Holdings, premier actionnaire de SCOR, a annoncé vendredi renoncer pour l’heure à son objectif de grimper à au moins 15 % du capital du réassureur français. L’assureur japonais a ainsi décidé de « modifier » le plan dévoilé le 6 mars dernier et de « suspendre » son projet d’appliquer la méthode comptable de mise en équivalence à sa participation dans le groupe français.

Ce dernier a déclaré « prendre acte » de cette décision et « la respecter pleinement »« A la connaissance de SCOR, cette décision ne résulte pas d’une révision par Sompo des perspectives financières et commerciales de SCOR », a déclaré le cinquième réassureur mondial, qui souligne que l’assureur japonais est « un client apprécié important » pour lui.

Volte-face surprenante

La volte-face de Sompo est tout aussi surprenante que son entrée au capital de SCOR cette année, après le rachat de la part de 7,79 % détenue par Patinex, la société du financier suisse Martin Ebner. Le groupe nippon ne s’est pas étendu sur les raisons de cette décision prise, explique-t-il, au vu « d’une évaluation globale de la pertinence économique de l’investissement, des changements de l’environnement et d’autres facteurs ». La semaine dernière, la presse japonaise évoquait des « différences dans les stratégies » et, aussi, le fait que le cours de l’action de SCOR s’est beaucoup apprécié depuis mars, renchérissant donc le coût de l’opération.

L’histoire semble en fait s’être surtout mal engagée dès le départ. Quand Sompo a fait part publiquement de ses projets en mars, le moment ne pouvait en effet pas plus mal tomber pour SCOR – qui n’était pas partie à la transaction entre l’assureur japonais et Patinex. Le réassureur était alors en pleine campagne de renouvellements de contrats au Japon. Et il a aussitôt perdu deux de ses clients nippons inquiets de l’arrivée de Sompo à son tour de table et de la perspective que leur concurrent ait, à terme, un représentant au conseil d’administration. Le départ de ces deux clients de longue date aurait été vécu comme un traumatisme par le groupe dirigé par Denis Kessler, qui l’aurait fait comprendre à Sompo.

Dans le bref communiqué publié vendredi, l’assureur japonais n’a pas indiqué ce qu’il comptait faire de sa participation actuelle. Le « Nikkei » avait avancé la possibilité que celui-ci revende ses titres. Pour Sompo, tout l’intérêt de l’opération initialement envisagée était en effet d’arriver à 15 % du capital afin de pouvoir consolider une partie des résultats de SCOR.

A la suite de ces annonces, le titre SCOR a perdu 1,28 % vendredi à la Bourse de Paris, après avoir déjà lâché près de 7 % la veille. 

Laurent Thévenin, Les Echos