Un ingénieur agronome, passionné par la géologie et les mécanismes d’évolution, qui commence comme analyste crédit dans une banque… le début de carrière de Frédéric Thomas, le nouveau directeur général de Crédit Agricole Assurances, a de quoi intriguer. « Il y a pourtant un lien entre le Crédit Agricole et moi : je suis ingénieur agronome », glisse ce dirigeant de cinquante-neuf ans qui a passé toute sa vie professionnelle au sein du groupe mutualiste et qui boucle cette semaine ses cent premiers jours aux commandes de son pôle assurances.

C’est le hasard d’une rencontre qui le fait changer radicalement de voie après l’Ecole nationale supérieure agronomique de Rennes. Un autre ingénieur agronome lui propose alors de rentrer au Crédit Agricole, dans le Pas-de-Calais. Issu d’un milieu industriel de Loire-Atlantique avec un père ingénieur aux Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, Frédéric Thomas, qui s’était découvert un intérêt tardif pour les sciences naturelles, se laisse convaincre bien que n’ayant jamais eu d’inclinaison particulière pour la finance et rejoint la Banque verte en 1982.

Cela a été le point de départ d’un solide parcours de « banquier de caisse régionale » qui l’a mené d’Arras à Rouen, en passant par La Rochelle. Il creuse d’abord son sillon dans le Pas-de-Calais, où il sera notamment, de 1993 à 2000, directeur des financements, puis directeur des réseaux. Il devient ensuite numéro deux de la caisse régionale de Charente-Maritime Deux-Sèvres pendant six ans et demi, puis directeur général du Crédit Agricole Normandie-Seine d’avril 2007 à septembre dernier. Les caisses régionales étant des acteurs importants sur leurs marchés, Frédéric Thomas aura à traiter de grands dossiers territoriaux, comme la gestion des crises endivières dans le nord de la France ou de celle du cognac, l’aménagement de la vallée de la Seine et le grand port maritime du Havre, par exemple. Et comme il s’agit aussi de banques autonomes, il goûtera au plaisir de prendre directement de grandes décisions de financement.

Un goût pour l’histoire des idées

Ces cinq dernières années, cet adepte « du management délégatif » a en prime accompagné, en tant que président de Crédit Agricole Technologies, la mise en oeuvre de « Nice », le projet de convergence des systèmes d’information des 39 caisses régionales, un chantier colossal et structurant pour le groupe bancaire.

Passé sans transition de la direction générale d’une caisse régionale à la tête du premier bancassureur européen, Frédéric Thomas doit désormais nourrir le volet assurance du plan moyen terme « Ambition stratégique 2020 » que le Crédit Agricole va présenter aux investisseurs en mars prochain. « Il est clair que l’assurance tient une place importante dans ce projet », indique ce titulaire d’un DESS de gestion des entreprises, très tourné vers les problématiques de distribution, de service au client et les aspects technologiques.

Amoureux de l’Italie, ce père de trois grands enfants s’anime lorsqu’il évoque son goût pour l’histoire des idées et son admiration pour les grands naturalistes « qui ont observé le monde et dit qu’il était tout sauf banal »

Laurent Thévenin, Les Echos