En plein essor dans les pays émergents, AXA s’attaque maintenant à l’Afrique anglophone. Le deuxième assureur européen va ainsi faire son entrée au Nigeria, avec l’acquisition – annoncée vendredi – d’une participation majoritaire dans Mansard Insurance, le quatrième assureur du pays. Il va acheter pour 198 millions d’euros Assur Africa Holdings, qui contrôle Mansard à hauteur de 77 %. La transaction doit être bouclée d’ici à la fin de l’année.

Pays le plus peuplé d’Afrique, première économie du continent et troisième marché africain de l’assurance, le Nigeria présente des attraits évidents. D’autant qu’AXA va prendre le contrôle d’un acteur en pleine croissance (22 % par an en moyenne entre 2010 et 2013) et rentable. Mansard (5 % de parts de marché en dommages et 4 % en vie, épargne, retraite) a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 13,6 milliards de nairas (64 millions d’euros), dont les deux tiers en assurance des entreprises.

Avec cette opération, AXA révèle au grand jour ses ambitions en Afrique subsaharienne, une région dont il ne parle presque jamais dans ses communications financières, au contraire du Maroc – son premier marché sur le continent – ou de l’Algérie. « C’est clairement le bon moment pour s’y intéresser. Le développement économique va être fort et sur une longue période, ce qui favorisera l’émergence d’une classe moyenne. Mais nous sommes sur une vision à vingt ans », explique aux « Echos » Jean-Laurent Granier, directeur général de la région Méditerranée et Amérique latine,

AXA peut s’appuyer sur une présence historique en Afrique de l’Ouest (lire ci-contre). Mais, s’il s’y est taillé de belles parts de marché, les 76 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2013 dans la zone Cima (Conférence interafricaine des marchés d’assurances) sont une goutte d’eau à son échelle. « Nous travaillons à compléter ces positions fortes », indique Jean-Laurent Granier. L’assureur évoque « des études en cours au Kenya » et ne cache pas son intérêt pour le Ghana. Acquisitions, partenariats, démarrage d’opérations à partir de zéro… AXA envisage toutes les possibilités pour son expansion en Afrique. Il compte en particulier sur son tout nouveau partenariat avec l’International Finance Corporation (Banque mondiale), qui doit servir à des co-investissements ou des acquisitions de compagnies locales (« Les Echos » du 22 septembre). « Notre investissement dans le courtier britannique MicroEnsure, spécialisé sur l’Afrique et les pays émergents, nous donne aussi accès au marché de la microassurance », ajoute Jean-Laurent Granier.

AXA se concentra d’abord sur l’assurance des entreprises et des petites entreprises – « comme nous le faisons dans la zone Cima » -, sur la couverture des besoins élémentaires de Sécurité sociale (hospitalisation, santé, accidents), ainsi que sur l’assurance automobile. La proposition de produits d’épargne « ne viendra que dans un deuxième temps, une fois que ces besoins de base auront été couverts ».

AXA affirme ne pas s’être fixé de budget en matière d’investissements en Afrique. « Mais, au-delà des aspects financiers, le plus important, c’est l’investissement humain. Il y a un gros travail d’éducation à l’assurance et de prévention à faire en Afrique. Cela demandera donc une présence physique sur le terrain », souligne le dirigeant.