L’assureur britannique RSA est en situation de crise. Son titre a perdu 7,22 % vendredi à la Bourse de Londres et 26 % depuis le début de l’année. Le groupe a annoncé que Simon Lee, son patron depuis novembre 2011, allait quitter son poste avec effet immédiat et être remplacé par le président du conseil, Martin Scicluna, en attendant de trouver un remplaçant. En cause : l’annonce aux investisseurs d’une troisième alerte sur les profits futurs en six semaines et l’aveu que le versement d’un dividende pour 2013 était compromis.

Alors qu’en 2010 RSA avait mis sur la table 5 milliards de livres pour essayer – sans succès – de racheter les activités dommages au Royaume-Uni, en Irlande et au Canada de son compatriote Aviva, certains analystes, comme celui de Panmure Gordon, pressentent qu’il est passé de l’autre côté de la barrière. L’assureur devrait désormais avoir à gérer des prédateurs tentés de lui arracher des actifs à bon prix, notamment en Amérique du Sud, au Canada et en Scandinavie.

La tourmente dans laquelle se trouve RSA découle des déboires de la filiale irlandaise du groupe, dans le collimateur depuis quelques semaines. Le groupe d’assurances a annoncé qu’il allait devoir renforcer les réserves de cette entité de 130 millions de livres, une somme qui s’ajoute aux 70 millions déjà annoncés le 8 novembre. Pour cela, la maison mère a décidé de déplacer 135 millions de capital vers cette filiale afin qu’elle respecte ses contraintes de solvabilité.

RSA a admis, le mois dernier, devoir conduire une enquête, aux côtés des régulateurs, sur cette filiale après avoir découvert « des problèmes » dans les« fonctions indemnisations et finance ». Trois cadres de cette branche ont déjà été suspendus : le patron, Philip Smith, son directeur financier et le responsable des indemnisations. Le consultant PricewaterhouseCoopers a été chargé de faire la lumière sur la situation et doit rendre son rapport l’an prochain.

Malgré son limogeage, Simon Lee, cinquante-deux ans, devrait toucher son salaire annuel de 824.000 livres. Martin Scicluna, quant à lui, s’est immédiatement attelé à la tâche de rassurer les investisseurs de RSA. « Nous pensons avoir repéré la totalité des problèmes financiers de l’entité irlandaise »,a-t-il déclaré aux analystes, vendredi matin. Il a ajouté qu’il était « ouvert à toute option » qui découlerait de la revue du périmètre du groupe, y compris des cessions si nécessaire. En revanche, il a précisé qu’il n’y avait à ce jour aucun projet de lever du capital au niveau de la maison mère.

Nicolas Madelaine
Correspondant à Londres