L’horizon s’est de nouveau obscurci pour la LMDE, qui avait frôlé la cessation de paiements fin 2012. L’adossement de la première mutuelle étudiante au groupe MGEN (Mutuelle Générale de l’Education Nationale) va en effet subir un contretemps. Initialement, le transfert de ses activités de back-office – soit 263 équivalents temps plein – aurait dû avoir lieu le 1er janvier prochain (« Les Echos » du 13 septembre). Mais il a finalement été décidé par la MGEN de le réaliser d’ici au 1er septembre 2015. « L’idée est de se donner du temps pour évaluer complètement les conditions économiques de l’intégration de la LMDE », justifie-t-on à la MGEN. Ce report de calendrier va faire l’objet d’un avenant à la convention de délégation de gestion qui lie les deux groupes. Cet avenant sera examiné jeudi par le conseil d’administration de la LMDE.

C’est l’incertitude sur le niveau futur des dotations versées par la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) à la LMDE pour son activité de gestionnaire de la Sécurité sociale étudiante qui bloque. Ce point est crucial car ces « remises de gestion » constituent la moitié du chiffre d’affaires de la mutuelle. Or leur montant doit être renégocié l’an prochain dans le cadre du contrat pluriannuel de gestion avec la Cnam. « Dès qu’on aura le niveau des remises de gestion, on pourra repartir sur notre processus d’adossement »,indique Vanessa Favaro, la présidente de la LMDE (plus de 900.000 affiliés).

En attendant, la situation est particulièrement inconfortable pour la mutuelle, placée sous « surveillance spéciale » par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. « L’ACPR nous demande une visibilité sur nos finances que nous ne sommes pas en mesure de lui donner », explique Vanessa Favaro.

Le scénario redouté par la LMDE serait une trop forte diminution du montant des remises de gestion, qui s’élève pour l’instant à 52 euros par affilié et par an.« Dans le plan d’adossement, nous avions projeté une baisse de 2 euros, ce qui est déjà conséquent, puisque cela représente un effort de 2 millions d’euros. Si l’on passait en dessous de 50 euros, cela nous poserait des difficultés budgétaires et il nous serait difficile de continuer à masse salariale constante »,ne cache pas sa présidente.

« Ce coup d’arrêt brutal au processus d’adossement remet en cause la pérennité de notre structure et nous fait craindre de lourdes conséquences quant à l’avenir de nos emplois », s’alarme pour sa part l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, Unsa de la LMDE dans un courrier adressé à Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, et dont « Les Echos » se sont procuré une copie. Depuis sa création en 2000, la LMDE a déjà recouru à quatre plans de sauvegarde de l’emploi, le dernier, il y a deux ans, s’étant soldé par 120 départs. Elle compte actuellement 550 salariés.

Laurent Thévenin, Les Echos