Comment le secteur de l’assurance se porte-t-il ?

Nous constatons que le marché de l’assurance-vie va mieux que l’an dernier, même s’il n’a pas rejoint son niveau antérieur. Les rachats se sont stabilisés. Mais nous n’avons jamais été véritablement inquiets. Ce n’est pas parce qu’il y a eu une collecte nette négative que les résultats des sociétés ont été mauvais.

L’environnement de taux d’intérêt bas durable n’est-il pas gênant ?

C’est un sujet d’attention pour l’ACPR. Nous faisons régulièrement des « stress tests » auprès des principaux assureurs-vie sur l’impact d’une baisse des taux d’intérêt ou d’une période prolongée de taux bas. Cela donne des résultats intéressants, qui ne sont pas du tout catastrophiques.

Y a-t-il des assureurs en difficulté en ce moment ?

Il y en a, comme toujours, mais pas énormément. Il faut aussi bien voir que les marchés de l’assurance sont matures. Aussi, on arrive presque toujours à trouver une solution d’adossement, de rapprochement, de substitution, de réassurance, qui permet d’éviter la catastrophe. Et il faut souligner que le marché a traversé la crise sans dommage.

Lors de vos auditions au Parlement, pourquoi avoir parlé « des situations honteuses, scandaleuses » au sujet des contrats d’assurance-vie en déshérence ?

Je maintiens mes propos. Auprès de certains groupes que nous avons contrôlés, les obligations de recherche des assurés décédés et des bénéficiaires n’ont pas été respectées. La loi est pourtant claire. Il est temps d’arrêter certaines pratiques, par exemple en matière de revalorisation des capitaux post-mortem. C’est un sujet qui donne une mauvaise image des assureurs et ceux-ci en ont d’ailleurs conscience. Ce que nous constatons nous amène à des positions assez dures, puisque les dossiers vont jusqu’à la commission des sanctions. Nous allons passer le marché au crible. Nous avons d’autres dossiers en cours.

L’ACPR a annoncé qu’elle serait très vigilante sur la commercialisation de l’assurance-vie euro-croissance. Pourquoi ?

Il est très important que les épargnants aient bien conscience que le capital n’est pas garanti pendant les huit premières années du contrat. Nous surveillerons aussi les publicités afférentes à ces nouveaux produits.

Les consommateurs vont pouvoir changer d’assureur auto ou habitation plus facilement. Comment accueillez-vous cette mesure ?

Il faudra vérifier si la loi Hamon est bien appliquée. Si ce n’est pas le cas, nous le saurons assez vite. Nous recevons près de 40.000 appels par an relatifs au domaine de l’assurance sur la plate-forme téléphonique Assurance Banque Epargne Info Service. C’est un outil très utile.

Quels seront vos axes de travail en 2014 ?

Nous allons continuer de travailler sur les capitaux en déshérence. Nous allons aussi regarder le mode de commercialisation des crédits. Enfin, nous prévoyons aussi de nous pencher sur la formation des vendeurs, car c’est là qu’il y a un risque non négligeable sur la vente des produits d’assurance-vie.

Propos recueillis par L. T.