Dans les cordes en 2012, l’assurance-vie semble avoir repris l’ascendant ces derniers mois sur les livrets d’épargne réglementée. Certes, ces deux produits ne sont pas directement comparables, mais dans le coeur des Français – et dans leur portefeuille – ce sont leurs deux « placements préférés ». Retour sur ce grand match de l’épargne en quatre points clefs.

C’est le troisième mois d’affilée de décollecte pour le Livret A et le Livret développement durable (LDD). Les deux livrets d’épargne défiscalisés affichent une décollecte nette de 1,06 milliard d’euros en novembre. Du côté de l’assurance-vie, les chiffres de novembre sont attendus au plus tôt pour mardi. Mais on sait déjà qu’en termes de collecte, l’assurance-vie était parvenue à rester dans le vert, quand le Livret A tombait dans le rouge au cours des deux mois précédents. « Au total, l’assurance-vie devrait terminer l’année 2013 avec une collecte nette positive de 12 milliards d’euros », estime Cyrille Chartier-Kastler, du cabinet Facts & Figures. Les années fastes semblent donc révolues pour les livrets d’épargne réglementés. Toutefois, grâce à un bon début d’année, la collecte nette du Livret A et du LDD reste supérieure à celle de l’assurance-vie. Elle s’établit à 18,37 milliards d’euros sur les onze premiers mois de l’année. En effet, l’année était bien partie pour le produit d’épargne liquide préféré des Français : en avril, la collecte nette du Livret A atteignait 3,05 milliards d’euros. La grande bascule a eu lieu au coeur de l’été, avec la chute de la rémunération du Livret A de 1,75 % à 1,25 %, son taux actuel. La collecte du Livret A a alors commencé à s’émousser. En septembre, les Français ont retiré 2,08 milliards d’euros de leurs livrets d’épargne réglementée, marquant la première décollecte depuis près de deux ans pour le Livret A et le LDD. Et le mouvement s’est poursuivi en novembre.

En début d’année, le Livret A a été fortement dopé par le relèvement de son plafond. Le deuxième relèvement de 25 % du plafond a ainsi permis de drainer 8,21 milliards d’euros de collecte nette au cours du seul mois de janvier. Le même mouvement s’était produit lors du premier relèvement du plafond de 25 % en octobre 2012, une collecte record de 7,35 milliards d’euros de nouveaux dépôts avait alors été enregistrée. Il est désormais possible de détenir hors intérêt jusqu’à 22.950 euros sur son Livret A, contre 15.300 euros avant ce double relèvement. L’effet d’aubaine passé, le mouvement s’est peu à peu atténué et la décollecte s’est confirmée.

Le coup de frein a été marqué cette année pour le Livret A. Recalculé deux fois par an, en fonction du niveau de l’inflation hors tabac et des taux courts, le taux a été abaissé une première fois en février, passant de 2,25 % à 1,75 %, puis une deuxième fois en août pour atteindre un plancher historique de 1,25 %. Du côté de l’assurance-vie également, les taux sont en retrait. Les fonds en euros affichaient en moyenne 2,9 % et pourraient diminuer d’environ 30 points de base cette année à 2,7 %. Attention toutefois à ne pas comparer directement ces deux taux : du côté du Livret A, la rémunération est nette d’impôts et de prélèvements sociaux. Rien de tel du côté de l’assurance-vie : les prélèvements sociaux sur les intérêts restent perçus chaque année au fil de l’eau (15,5 %), et les gains sont taxés selon un régime spécial en cas de retrait.

Dans les deux cas, si les rémunérations dévissent, elles restent toutefois bien au-dessus de l’inflation « A 1,25 %, le Livret A reste relativement intéressant par rapport au niveau de l’inflation », fait valoir Cyril Blesson, économiste chez Pair Conseil. Pourtant, pas sûr que cet argument suffise à rassurer les épargnants.

C’est l’assurance-vie qui avait le plus à perdre en 2013. Le rapport Berger-Lefebvre sur l’épargne longue a marqué au printemps dernier le point de départ d’un projet de réforme. A l’arrivée, Bercy a bien proposé deux nouveaux produits, mais au grand soulagement des assureurs, sans toucher à la fiscalité des retraits très avantageuse après huit ans de détention.