Aux yeux des « non-initiés », l’opération pourrait paraître byzantine, mais elle a une logique. Le conseil supérieur de la Banque d’Italie a approuvé, mardi, la cession de sa participation historique de 4,5 % dans Generali, valorisée à 900 millions d’euros, au Fonds stratégique italien (FSI), entièrement détenu par la Cassa Depositi e Prestiti (CDP). Conçue comme une étape transitoire – le FSI ayant vocation à revendre ses parts dans un délai de trois ans – la manoeuvre vise à éviter tout conflit d’intérêts potentiel, compte tenu des nouveaux pouvoirs de surveillance du secteur de l’assurance confiés à la Banque centrale (à travers l’Ivass), à partir de janvier. Mais l’entrée du bras armé de la Caisse des Dépôts dans le capital du premier assureur italien n’en suscite pas moins quelques grincements de dents.

« Nul n’a jamais songé à nationaliser quoi que ce soit », a assuré le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, en ajoutant que l’opération vise à « ne pas altérer les dynamiques de marché et à garantir que les modalités de gestion de la participation dans Generali ne soient pas déviées de celles suivies par la banque centrale depuis des années ». Concrètement, le FSI continuera à observer la même neutralité que la banque centrale dans la gestion de Generali et ne disposera d’aucun siège d’administrateur au conseil de l’assureur.

Dans un premier temps, la Banque d’Italie va ainsi devenir actionnaire à 20 % du FSI, initialement créé en 2011 pour tenter de contrer l’offensive de Lactalis sur Parmalat. Mais la banque centrale se laissera progressivement diluer à 5 %. Le transfert de ses parts dans Generali coïncide avec la révision du portefeuille d’activités de l’assureur entamée par Mario Greco. Outre le lancement d’un nouveau plan de développement de 300 millions d’euros sur trois ans en Italie, annoncé le 14 décembre, le nouveau patron de Generali a décidé de s’attaquer à la remise en ordre de son portefeuille de 6 milliards d’euros d’investissements à risque dans des fonds de «private equity», parmi lesquels Rhone Group de Roberto Agostinelli, Vei Capital et le fonds spéculatif Tenax… Moody’s a mis sous surveillance la note de Generali (Baa2) à la suite de l’annonce de la réorganisation de ses activités italiennes.

Pierre de Gasquet, Les Echos