Le premier assureur européen, Allianz, tente d’élargir sa base domestique en lorgnant le groupe d’assurances Provinzial NordWest. Le groupe munichois a proposé 2,25 milliards d’euros pour mettre la main sur le deuxième assureur public en Allemagne, a révélé vendredi le « Financial Times Deutschland ». Basé dans le nord-ouest du pays, à Münster et Kiel, Provinzial NordWest est détenu respectivement à 40 % par le groupement de communes et par le groupement de caisses d’épargne de Westphalie-Lippe, et pour 20 % par d’autres groupements de caisses d’épargne.

Avec plus de 3 milliards d’euros de primes en 2011 et plus de trois millions d’assurés, la cible viendrait compléter le portefeuille d’Allianz déjà fort de près de vingt millions de clients en Allemagne. Il y a deux ans déjà, le munichois avait tenté sa chance en vain, mais l’environnement actuel pourrait lui être plus favorable.

La partie est toutefois loin d’être gagnée. Vendredi, le groupement de communes de Westphalie-Lippe a réagi, assurant qu’il n’avait « pas l’intention pour le moment » de céder sa part dans Provinzial, une entreprise « qui est en bonne santé avec d’excellents résultats ». En outre, une vente nécessiterait l’accord de tous les actionnaires. Or, plusieurs villes ou communautés de villes du groupement appartenant à la Rhénanie du Nord pourraient voir dans la vente un moyen de renflouer leurs finances mal en point. La même chose vaut pour les caisses d’épargne, qui sont de fait la propriété de communes.

Le prix offert par Allianz n’est cependant pas particulièrement attractif, en représentant la valeur comptable de la compagnie. Aussi, le démenti rapporté par l’un des grands actionnaires publics de Provinzial serait un moyen de faire monter les enchères, selon l’agence DPA qui se base sur des cercles financiers. Selon le « FTD », le patron d’Allianz, Michael Diekmann, fait de cette conquête une affaire personnelle. L’assureur ne progresse guère dans son propre pays. Outre le fait de lui permettre de grossir, l’opération pourrait en cas de succès donner accès au réseau de commercialisation des caisses d’épargne. Pour Allianz, qui voit un rival du secteur, Talanx, entré en Bourse pour se donner un potentiel moyen de financer des acquisitions, l’heure est sans doute à la contre-attaque. Sa dernière acquisition majeure en Allemagne visait le groupe d’assurances Vereinte, au milieu des années 1990.

Jean-Philippe Lacour, Les Echos
Correspondant à Francfort