Il gruppo mutualista Co-operative Group dovrebbe acquisire gli sportelli Lloyds

Après plus de vingt ans de démutualisation notamment d’Abbey National, de Halifax et de Northern Rock, le secteur bancaire mutualiste devrait à nouveau croître au Royaume-Uni. Le géant bancaire Lloyds, forcé de vendre 632 agences par l’Union européenne pour compenser son sauvetage par Londres au pic de la crise financière, a en effet opté pour une cession de ce réseau au groupe mutualiste The Co-operative Group. Des négociations exclusives vont s’ouvrir en vue d’une transaction au premier trimestre de l’an prochain. Au cas où elle n’était pas conclue, Lloyds, qui va par ailleurs retrouver son patron Antonio Horta-Osorio le 9 janvier, continue de réfléchir à une introduction en Bourse de cet ensemble. La banque a jusqu’à novembre 2013 pour cette cession.

Si le mariage avec The Co-op avait bien lieu, le nouvel ensemble serait numéro sept du secteur outre-Manche. Sa part de marché dans les comptes courants serait de 7,6 %, soit plus que les 6 % considérés comme un minimum par la commission indépendante de John Vickers, qui, en plus de réfléchir sur le risque systémique, est chargée de rendre le secteur bancaire plus compétitif au Royaume-Uni. Les 632 agences de Lloyds cédées représentent 4,6 % des comptes courants britanniques, 36 milliards de livres de dépôts et 47 milliards de prêts.

Dissiper le scepticisme

The Co-operative Group, qui détient aussi un réseau de supermarchés et même de pompes funèbres, était en compétition avec NBNK. Ce véhicule mis en place pour faire des acquisitions bancaires par des personnalités de la City, dont sir Peter Levene, le président du conseil du Lloyd’s, le marché d’assurance, proposait 1,5 milliard de livres. Mais, si l’on en croit Robert Peston de la BBC, il était désavantagé du point de vue réglementaire en tant que nouvel entrant. Une acquisition par NBNK, dirigé par Gary Hoffman, ex-patron de Northern Rock, aurait poussé Lloyds à doter Project Verde, le nom de code de ces 632 agences, de 3,6 milliards de livres de capital, contre 2,5 milliards pour The Co-op.

A la tête de Lloyds, Antonio Horta-Hosorio devrait désormais déléguer ses pouvoirs davantage pour éviter de s’écrouler sous la fatigue à nouveau. L’établissement devra toutefois encore dissiper un reliquat de scepticisme de la part des investisseurs après ces bouleversements managériaux. Antonio Horta-Hosorio, qui s’est débarrassé de beaucoup des proches de l’ancien patron Eric Daniels, a entamé une vaste restructuration de Lloyds avec la suppression de 15.000 postes.

NICOLAS MADELAINE, Les Echos