Il governo francese passa all’azione per aiutare Groupama

Devant l’urgence à réagir, l’État a décidé de passer à l’action. Pour renflouer, d’ici au 31 décembre, le ratio de solvabilité de l’assureur Groupama qui s’est nettement érodé ces derniers mois en raison de son exposition à la dette souveraine mais aussi de la chute de ses placements financiers, il n’y avait, certes, pas trente-six solutions. Du coup, le bras financier de l’État, à savoir la Caisse des dépôts est à la manoeuvre. Selon le schéma dévoilé samedi par « Le Figaro », l’apport de fonds propres proviendrait d’une double opération.

D’abord du rachat de la particpation de Groupama dans Silic, comme nous l’évoquions déjà dans nos précédentes éditions, et ce, via la foncière de la CDC, Icade. Ensuite de l’acquisition pour 300 millions d’euros d’actions de préférence de la filiale Gan Eurocourtage. Projets qui restent encore soumis au vote des différentes instances décisionnelles et dont les contours ne sont pas précisément définis.

Cela étant, ce schéma décidé en plus haut lieu est intelligent. D’abord, il permet à Groupama de passer avec succès le premier examen de l’ACP (l’Autorité de contrôle prudentiel) du 31 décembre, lui laissant tout loisir de s’atteler, ultérieurement, à la vente de ses actifs stratégiques. En cédant Silic et une partie de Gan Eurocourtage, l’assureur se donne également les moyens de récupérer des fonds conséquents, ces deux entités étant considérées par les professionnels comme de véritables pépites. La cession des 44 % dans Silic est, enfin, largement plébisicitée par les syndicats de Groupama, cette opération étant indolore socialement. Reste à connaître les modalités de ce « deal ». On devrait en savoir plus d’ici à la fin de la semaine, un comité d’entreprise extraordinaire de Groupama étant prévu ce jeudi.

La puissance de feu de la Caisse des dépôts n’est plus à démontrer. Et elle vient, ici, à point nommé. Au grand dam, sans doute, des candidats à la reprise de Silic qui auraient bien « croqué » cette foncière dotée de très beaux actifs immobiliers et très bien placée dans le projet du « Grand Paris ». Mais ils avaient en face d’eux un groupe étatique capable de mobiliser plusieurs centaines de millions d’euros en l’espace de quinze jours et surtout de proposer une offre globale intégrant le rachat d’autres actifs de l’assureur en mal de fonds propres.

Situation qui n’est pas pour déplaire à Serge Grzybowski, le patron d’Icade qui met, ici, la main sur une entité dotée de 3,5 milliards d’euros d’actifs parfaitement complémentaires avec les siens. Et lui permettra d’accélérer son projet stratégique de créer la première foncière française. Et ce, après avoir vendu en 2009 son parc de logements et son pôle d’administration de biens. L’an passé, il a acquis la Compagnie La Lucette auprès de Morgan Stanley, soit un portefeuille d’actifs de 1,6 milliard d’euros totalisant une surface de 675.000 m2. À fin 2010, le patrimoine d’Icade était évalué en valeur de marché à 6,1 milliards d’euros.

Reste maintenant à voir comment Groupama entend poursuivre sa politique de rééquilibre de ses fonds propres dans un contexte réglementaire toujours plus exigent. L’assureur compte d’autres participations financières cotées en Bourse. Mais contrairement à Silic, la vente de ce portefeuille dégagerait, aujourd’hui de lourdes moins-values. Cette option n’est sans doute pas envisagée dans l’immédiat. Il y a aussi l’opportunité de sabrer dans le portefeuille d’actifs immobiliers détenus en direct par le groupe de Thierry Martel. Mais là encore, cette solution ne peut être envisagée dans la précipitation. Sans parler de la cession de Gan Assurances, évoquée ces dernières semaines mais qui ne semble pas avancer.

Le contours de l’assureur s’apprête, en tout cas, à être profondément redessiné. Pascale Besses-Boumard