LAURENT THÉVENIN

QUATORZE COMPAGNIES TESTENT UNE BLOCKCHAIN INTERASSUREURS AFIN DE SIMPLIFIER LEURS ÉCHANGES DANS LE CADRE DE LA LOI HAMON SUR LES RÉSILIATIONS DE CONTRATS.
Les premières applications à grande échelle de

la technologie blockchain dans l’assurance
prennent forme. La Fédération française de l’assurance (FFA) a annoncé jeudi l’expérimentation par 14 compagnies d’une « blockchain interassureurs autour de l’échange de données sécurisées ». Cette plate-forme, montée avec la start-up Stratumn, qui développe des réseaux blockchain de place, et le cabinet Deloitte, a été testée sur les processus de résiliation de contrats dans le cadre de la récente
loi Hamon
.
Avec cette dernière, il est désormais possible au consommateur de changer d’assureur automobile ou habitation à tout moment au bout de douze mois d’engagement. C’est le nouvel assureur qui doit effectuer la demande de résiliation pour le compte de l’assuré, sachant que la résiliation doit être effective 30 jours après la demande du client.

Gain de temps
La plate-forme présentée jeudi doit justement permettre aux assureurs de « fluidifier leurs envois de notifications de résiliation », explique

Stratumn
. A ce titre, la technologie blockchain – un registre informatique public et décentralisé de transactions qui permet l’exécution de contrats intelligents – apporterait, selon ses promoteurs, des avancées en termes d’horodatage et un gain de temps par rapport aux processus existants.
Cela permettrait aussi « de diviser au minimum par cinq les coûts existants », fait valoir aux « Echos » Nicolas Julia, directeur des opérations chez Stratumn. Cette plate-forme élimine ainsi les coûts liés à la « complexité de communication entre des systèmes d’information hétérogènes » et elle fait économiser l’envoi de lettres recommandées, détaille-t-il.

Avec le couplage d’une « cryptographie de pointe », cette plate-forme « garantit la confidentialité de toutes les données échangées et limite la divulgation de l’information au strict minimum nécessaire à chaque partie prenante », affirme par ailleurs Stratumn. Un point évidemment crucial avant l’entrée en vigueur, en 2018, du Règlement général de l’Union européenne sur la protection des données (RGPD). « La technologie blockchain semble apporter un très bon niveau de sécurité dans les échanges de données entre assureurs. Elle est bien adaptée à des cas d’usage B to B […], réduit le coût de traitement des dossiers et autorise une variété d’applications additionnelles », constate de son côté la FFA.

Selon Stratumn, sa plate-forme pourrait servir pour de nombreux autres cas d’usage et serait « très flexible ». Elle peut « embarquer facilement de nouveaux opérateurs », souligne Nicolas Julia. Il s’agit d’un « moment majeur dans l’histoire de Stratumn », déclare dans un communiqué Richard Caetano, cofondateur et directeur général de cette start-up créée en 2015. L’actualité de la jeune pousse est en tout cas particulièrement riche, puisqu’elle avait annoncé la semaine dernière l’entrée à son tour de table de

C. Entrepreneurs, le fonds d’investissement de BNP Paribas Cardif,
dans le cadre de l’extension de son premier tour de financement. Alors qu’elle
avait levé en juin 7 millions d’euros
, sa levée de fonds (Series A) s’élève désormais à 8 millions d’euros.
Fonte: