LAURENT THÉVENIN

AUJOURD’HUI PRÉSENT DANS 64 PAYS, L’ASSUREUR FRANÇAIS VA CONCENTRER SES EFFORTS DE DÉVELOPPEMENT SUR 16 PAYS. LA SANTÉ, LA PRÉVOYANCE ET L’ASSURANCE-DOMMAGES DES ENTREPRISES SONT SES PRIORITÉS.
C’est un AXA « new look » qui s’esquisse. Un peu plus d’un an après son entrée en fonction comme directeur général,

Thomas Buberl
a annoncé mardi un recentrage marqué du groupe dans une optique de « simplification ». « Nous voulons nous concentrer sur moins de pays, en mettant l’accent sur la taille et le potentiel des opérations », a-t-il déclaré lors d’une journée pour les investisseurs. « C’est un changement fondamental dans la manière dont nous choisissons nos priorités », a-t-il insisté.
Alors qu’il est aujourd’hui présent dans 64 pays, AXA va désormais porter ses efforts sur une liste de « 10 + 6 ». A commencer par les dix « moteurs » qui lui apportent plus de 80 % de ses résultats : la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni, la Suisse, les Etats-Unis, Hong Kong et le Japon.

En Europe, en particulier, il s’agit de « renouer avec la croissance », a martelé Thomas Buberl. « AXA France a montré qu’il était possible de croître sur un marché mature. Si la France l’a fait, alors tout le monde peut le faire en Europe », a-t-il ajouté. Aux Etats-Unis, son deuxième marché, AXA veut aussi « accélérer » sa croissance, dans le sillage de

l’introduction en Bourse de ses activités locales prévue pour le deuxième trimestre 2018
.
Six pays « à haut potentiel »
A côté, l’assureur va miser sur six pays « à haut potentiel », mais qui ne pèsent pour l’instant que 3 % des bénéfices : le Brésil, le Mexique, la Chine, l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande. Son objectif est d’y atteindre des positions de leader.

C’est sur ces 16 pays qu’AXA va dorénavant centrer sa stratégie d’acquisitions. L’assureur français « met fin à une politique consistant à aller planter des drapeaux » dans le monde, a résumé Thomas Buberl. « Vous ne nous verrez pas ouvrir de nouveaux pays », a-t-il ajouté.

Il promet au contraire d’« optimiser et de rationaliser » l’empreinte géographique du groupe, ciblant 26 opérations plus petites. « Cela ne veut pas dire que ces 26 pays seront tous vendus », a précisé Gérald Harlin, le directeur financier. AXA va en céder certains, tandis que d’autres seront gérés « d’une manière différente » afin d’augmenter leur rentabilité. Le mouvement opéré par AXA rejoint celui à l’oeuvre chez son concurrent italien

Generali, actuellement occupé à vendre un certain nombre de filiales dans les pays
jugés peu attractifs.
AXA a par ailleurs réaffirmé qu’il donnait plus que jamais la priorité à trois segments « préférés » : la santé, la prévoyance et l’assurance-dommages des entreprises. Ce sont des secteurs qui « nous apportent la possibilité d’interagir plus fréquemment avec nos clients et de leur offrir davantage de services innovants », a justifié Thomas Buberl. L’assureur va consacrer 200 millions d’euros par an à l’innovation dans le cadre de son budget existant dédié aux acquisitions. Ces annonces et la réaffirmation des objectifs financiers du

plan stratégique à horizon 2020
n’ont visiblement pas séduit les investisseurs. A la clôture, le titre AXA était en baisse de 0,88 % à la Bourse de Paris.

L’assureur amorce le processus d’introduction en Bourse de ses activités américaines
L. T.
AXA A DÉPOSÉ UNE DEMANDE D’ENREGISTREMENT AUPRÈS DU GENDARME BOURSIER AMÉRICAIN.
AXA trace sa route vers

la cotation de ses activités américaines
. Six mois après l’annonce de ce projet majeur, l’assureur français a indiqué lundi soir après la clôture de Wall Street avoir déposé une demande d’enregistrement auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), « première étape du processus d’introduction en Bourse ».
Cette opération portera sur une « part minoritaire » d’AXA Equitable Holdings, la structure devant rassembler les opérations d’assurance-vie, épargne et retraite aux Etats-Unis ainsi que la participation d’AXA dans le gestionnaire d’actifs AllianceBernstein. Le nombre d’actions qui seront mises sur le marché ainsi que la fourchette de prix pour l’introduction « n’ont pas encore été arrêtés », précise le groupe français. L’opération est prévue pour le deuxième trimestre 2018.

Encore très contraint, d’un point de vue légal, dans sa communication sur ce dossier, AXA a toutefois précisé mardi, à l’occasion d’une journée pour les investisseurs à Paris, que cette introduction en Bourse aurait « un impact neutre » sur son ratio de Solvabilité II. Elle lui permettra notamment d’atteindre « un meilleur équilibre entre les marges techniques et financières ». Ce qui s’inscrit dans la volonté, réaffirmée mardi par

le directeur général, Thomas Buberl
, de « se concentrer davantage sur l’assurance traditionnelle et moins sur les activités dépendantes des marchés financiers ».
L’assureur avait par ailleurs déjà expliqué vouloir utiliser le produit de cette introduction en Bourse pour réinvestir dans les lignes de métier jugées stratégiques (santé, prévoyance, assurance dommage pour les entreprises). Il attend d’ores et déjà un impact positif de 2 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) en termes de cash des différentes restructurations qu’il va effectuer aux Etats-Unis avant l’introduction en Bourse. Les investisseurs ont par ailleurs eu un premier aperçu de la politique de dividende. AXA Equitable Holdings vise un taux de distribution de 40 à 60 %, et ce dès 2018, a précisé l’assureur.
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