LAURENT THÉVENIN
LA PERSPECTIVE D’UNE LIMITATION DES RACHATS A PESÉ SUR LA COLLECTE DE CERTAINS OPÉRATEURS.
Le bruit autour du projet de loi Sapin II n’a pas fait les affaires des assureurs-vie. Une disposition a fait couler beaucoup d’encre et a pu susciter l’inquiétude des épargnants. Ce texte – adopté mardi par l’Assemblée nationale – donne en effet au Haut Conseil de stabilité financière la possibilité de restreindre ou de bloquer temporairement les rachats effectués par les détenteurs de contrats d’assurance-vie en cas de menace sur la stabilité du système financier. « La limitation des rachats existait déjà. Cela a été présenté de telle sorte que les clients ont effectivement un peu pris peur », a déclaré la semaine dernière le directeur financier d’AXA, Gérald Harlin, lors de la présentation des indicateurs d’activité trimestriels du groupe. « Il y a eu beaucoup de désinformation sur ce sujet. Nous avons donc dû expliquer à nos clients que l’ACPR [le superviseur du secteur de l’assurance, NDLR] avait déjà ce pouvoir au niveau individuel et que c’était une mesure préventive qui ne pourrait s’appliquer que dans des circonstances exceptionnelles », renchérit Antoine Delon, le président du courtier en ligne LinXea, qui a reçu beaucoup d’appels.

Dans les rangs des assureurs, on regrette un manque de communication des pouvoirs publics sur ce dossier. « Il aurait fallu expliquer avant de légiférer. Les épargnants, notamment les clients patrimoniaux, se sont posé beaucoup de questions sur la pérennité de leur assureur », explique Sylvain Coriat, directeur des assurances de personnes chez Allianz France. « Cela a nécessité un effort de pédagogie de la part de nos réseaux de distribution pour les convaincre qu’il n’y avait aucun risque imminent pour leurs contrats. En effet, le texte aligne simplement la situation des banques et des compagnies d’assurances en cas de crise », poursuit-il.

Collecte nette nulle
Chez certains opérateurs, cette inquiétude a affecté l’activité. Chez AXA, « la collecte s’est ralentie au mois de septembre sur les grosses primes. Mais on semble observer un retour à la normale dès octobre », a indiqué Gérald Harlin. Chez LinXea, « cela a eu un effet en octobre sur les versements qui ont été moins importants, mais pas sur les nouvelles souscriptions », indique Antoine Delon. Il n’y a « pas eu d’impact significatif sur la collecte » pour Allianz France, précise Sylvain Coriat. CNP Assurances dit ne pas avoir « observé d’effets particuliers ». Au niveau du marché, la collecte nette (cotisations moins prestations) a été nulle au mois de septembre.
Fonte: