Les assureurs veulent se faire une place dans le monde de la maison connectée. Pour l’heure, ils viennent juste d’y mettre un pied, à l’instar d’ AXA, qui a lancé en octobre une offre en France pour les assurés souhaitant mieux protéger leur domicile contre les risques d’intrusion ou d’incendie. Son grand concurrent, Allianz, s’est associé au géant japonais de l’électronique Panasonic pour proposer des services domotiques en Allemagne.

«  Les industries qui bénéficieront le plus de ces capteurs seront l’assurance et l’immobilier commercial », indique Julien Maldonato, directeur conseil industrie financière chez Deloitte, citant des prévisions faites par le cabinet de conseil Gartner. Entre 2013 et 2020, l’usage des capteurs dans l’assurance devrait ainsi croître de 71 % par an.

L’intérêt des capteurs de présence, caméras de surveillance, détecteurs de fumée ou de fuite d’eau semble évident en matière d’assurance. Plus grande sécurisation du domicile, détection précoce de sinistres, leur utilisation laisse entrevoir un potentiel de réduction des risques de l’ordre de 40 % à 60 %, d’après des projections de Morgan Stanley et du BCG.

Contacts avec les assurés

Autre intérêt, selon François-Xavier Lemaire, directeur général délégué du groupe Saretec, un cabinet d’expertise en prévention et gestion des risques, cela donnerait aussi « l’occasion pour un assureur de multiplier sa fréquence de contacts avec ses clients ». Avec de tels services, ceux-ci pourraient aussi passer « à un “business model” d’abonnements » pour ces prestations, là où ils font actuellement payer une cotisation annuelle.

« Leur métier de demain sera d’être des fournisseurs de services », précise Julien Maldonato. En se positionnant sur la maison connectée, les assureurs « pourront plus toucher le quotidien des assurés ». Mais tout l’enjeu sera justement de trouver ces services… Reste à voir aussi qui prendra véritablement en charge le coût de ces capteurs. « Nous misons sur une baisse très nette du prix des objets connectés, auquel cas celui-ci pourra être absorbé par l’assureur », souligne Julien Maldonato.

Surtout, les assureurs devront prendre garde de ne pas se faire désintermédier par les leaders de l’Internet des objets et autres vendeurs de solutions connectées. En assurance automobile, estime Julien Maldonato, ce « combat semble déjà perdu face aux constructeurs et aux Gafa », qui se positionnent tous sur la télématique embarquée dans les véhicules, avec en ligne de mire l’accès aux données ainsi enregistrées. 

Laurent Thévenin, Les Echos