En 2019, les salariés qui prendront leur retraite dès 62 ans verront leur retraite complémentaire affectée de coefficients de minoration. Comment vont-ils peser sur le montant des pensions ? Explications.

D’ici à trois petites années, c’est-à-dire dès le début 2019, les règles de calcul des pensions complémentaires des salariés nés en 1957 ou après vont bouger. En effet, une personne qui décidera, à partir de cette date, de faire valoir dès 62 ans, âge légal, sa retraite de base à taux plein, ne pourra plus compter immédiatement sur 100 % du montant de ses retraites complémentaires comme c’est le cas jusqu’à présent, mais sur 90 % seulement de ce même montant durant les trois premières années de sa retraite (95 % pour les retraités soumis au taux réduit de CSG, mais toujours 100 % pour ceux exonérés de CSG). Si, du fait d’une entrée tardive dans la vie professionnelle, cette même personne atteint le taux plein dans le régime de base à 65 ans seulement, ce coefficient de minoration de 10 % s’appliquera aussi, mais durant deux ans, car il est instauré uniquement jusqu’à 67 ans, âge du taux plein automatique.

Des coefficients minorants sur 3 ans

Au terme de ces années minorées (3, 2 ou 1 selon les cas), le salarié recouvrera l’intégralité de ses retraites Arrco et Agirc, et cela de façon continue et viagère. « Cet abattement temporaire est incitatif : son objectif est de pousser les salariés à reculer leur âge effectif de départ en retraite s’ils en ont bien sûr la possibilité au regard de leur emploi. Parallèlement, il ne faut pas l’oublier, au-delà du taux plein, il y aura surcote dans le régime général et gains de points dans les régimes complémentaires », fait remarquer Frédéric Roullier, directeur retraite du groupe Humanis. De fait, pour échapper à ce coefficient de minoration temporaire de 10 %, il faudra travailler 4 trimestres calendaires de plus au-delà de la date à laquelle le taux plein a été atteint, c’est-à-dire jusqu’à 63 ans pour toutes les personnes qui atteignent le taux plein à 62 ans, jusqu’à 64 ans pour celles qui l’obtiennent à 63 ans et ainsi de suite.

Des coefficients majorants sur 1 an

 

Pour les salariés désireux de poursuivre non plus 4 mais 8 trimestres au-delà de la date à laquelle ils ont obtenu le taux plein, un coefficient majorant, temporaire également, viendra cette fois les récompenser. Leurs retraites complémentaires seront ainsi bonifiées, un an durant, de + 10 % s’ils font valoir leurs droits à 64 ans et non à 62 ans, de + 20 % s’ils les font valoir à 65 ans (soit 12 trimestres travaillés en plus) et de + 30 % s’ils les font valoir à 66 ans (soit 16 trimestres travaillés en plus) : un système inédit jusqu’alors.

Des carrières longues amenées à se prolonger

Les personnes qui bénéficient d’une retraite anticipée et qui partent à taux plein dans le cadre du dispositif des longues carrières seront, elles aussi, mises à contribution : leurs retraites complémentaires subiront en effet la même minoration de 10 % durant trois ans, si elles partent à leur âge de taux plein. Un salarié né en 1959, qui bénéficiera du taux plein à 60 ans, par exemple, s’il totalise 167 trimestres de cotisation dans son ou ses régimes de base, devra ainsi patienter jusqu’à ses 61 ans s’il souhaite percevoir à plein ses retraites Arrco et Agirc. Seule consolation : ces coefficients ne concernent pas les autres dispositifs de départ anticipé existants pour les personnes handicapées ou celles en incapacité professionnelle, notamment. 

Roselyne Poznanski, Les Echos