Michael Diekmann, l’ancien patron d’ Allianz, avait passé du temps à s’assurer que l’assureur pouvait tirer parti de sa taille globale. « Le temps est venu d’en récolter les fruits », a assuré mardi son successeur, Oliver Bäte, en présentant la stratégie du groupe munichois à l’horizon 2018.

Allianz part d’une position de force avec un chiffre d’affaires de 122 milliards d’euros en 2014, pour un résultat net de 6,2 milliards d’euros qui tient bon nombre de concurrents à distance. Néanmoins, l’assureur doit relever plusieurs défis : l’environnement des taux au plus bas, la crise chez le gestionnaire de fonds américain Pimco et les nouveaux acteurs digitaux, qui donnent un coup de vieux à son modèle.

En réponse, l’assureur allemand doit gagner en agilité et capitaliser dans les domaines où il performe déjà le mieux, promet Oliver Bäte. Déroulant sa feuille de route à la façon du consultant de McKinsey qu’il a été, il a expliqué vouloir donner plus de moyens aux entités déjà performantes, tandis qu’il faudra réduire la voilure chez celles plus faibles, qui doivent être « repositionnées »« On a été trop patient dans le passé avec des entités peu performantes, vraiment trop… Nous devons libérer du capital », a insisté le dirigeant, qui a pris les rênes d’Allianz en mai.

« Agir avec discipline »

La priorité va partout à la digitalisation des affaires, ce qui doit permettre d’économiser 1 milliard d’euros par an. Ces économies seront réinvesties dans l’informatique et le personnel. Ou encore des opérations de croissance externe, bien qu’en la matière le groupe veuille « agir avec discipline », a prévenu Oliver Bäte. L’annonce du jour aura été l’annonce d’une coentreprise avec le moteur de recherche en ligne chinois Baidu et la société d’investissement Hillhouse Capital afin de lancer un assureur en ligne en Chine.

 

Dans le même temps, l’assureur veut motiver ses salariés à agir davantage dans l’intérêt du client. Leur bonus annuel dépendra en partie du degré de satisfaction du client, mesuré par un indice. « Nous ne sommes pas centrés sur le client, cela doit changer », a déclaré Oliver Bäte. A terme, Allianz veut gagner 5 millions de clients nouveaux, qui s’ajoureront aux 85 millions en portefeuille. Il en résulterait un gain de 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes) de la branche dommages doit s’établir au maximum à 94 %.

Pour assurer un niveau de rentabilité sur fonds propres (RoE) de 13 % visé dans le plan, la branche santé-vie devra faire le plus d’efforts pour porter cet indicateur à un niveau supérieur à 10 % partout dans le monde. Seule l’Allemagne dépasse largement la barre, à 24 %, quand la moyenne ailleurs est de 8,3 % (9,9 % en France). En termes absolus, Allianz veut voir le résultat de nombre d’unités opérationnelles atteindre la barre du milliard d’euros. Y parviennent pour l’heure uniquement l’Allemagne et l’Italie et sa filiale PImco. 

Jean-Philippe Lacour, Les Echos
Correspondant à Francfort