Il y a peu, l’homme était encore l’un des banquiers les plus en vue du Royaume-Uni. C’est lui qui avait été appelé fin 2008, au plus fort de la crise financière, pour prendre les rênes d’une Royal Bank of Scotland (RBS) alors en pleine débâcle. « Cela a été une expérience unique », raconte Stephen Hester, marqué par la dimension hautement politique de ce poste – l’établissement avait dû être nationalisé – qu’il a quitté en septembre 2013. A cinquante-trois ans, l’ex-patron de RBS est aux prises aujourd’hui avec un autre défi de taille : remettre d’aplomb l’assureur britannique RSA.

Fin 2013, cette institution tricentenaire avait défrayé la chronique en enchaînant trois avertissements sur résultat, avec la mise au jour d’un scandale comptable dans sa filiale en Irlande. « C’est le sujet le plus visible que nous avons dû traiter, souligne-t-il. Mais cela n’a été que le catalyseur, car il y avait en fait beaucoup d’autres problèmes qui n’avaient pas été aussi clairement identifiés. » Son diagnostic est sans concession : « Certaines erreurs étaient stratégiques : RSA n’avait pas une vision suffisamment claire des activités sur lesquelles il devait se concentrer. Il était présent dans trop de pays, avec trop de petites participations. Or, une entreprise moderne doit avant tout se concentrer sur ce qu’elle sait bien faire », détaille ce diplômé d’Oxford. Autre faiblesse mise en exergue : un « bilan qui était devenu trop faible ».

Vétéran des services financier, avec 20 ans de service chez Credit Suisse, Stephen Hester rappelle qu’il a l’habitude des situations difficiles. « J’ai passé une bonne partie de ma carrière à redresser des sociétés », rappelle-t-il. Ce fut ainsi le cas comme directeur des opérations de la banque Abbey National ou comme directeur général de la foncière British Land dans les années 2000.

Depuis son arrivée chez RSA en février dernier, Stephen Hester a employé les grands moyens pour restaurer le bilan, entre une augmentation de capital de 775 millions de livres (976 millions d’euros) et une série de cessions d’actifs jugés non stratégiques, qui a rapporté 740 millions de livres jusqu’ici. « Cela représente un nombre significatif de pays, mais à peine 10 % de notre chiffre d’affaires total », précise-t-il. « Notre objectif est d’être là où nous pouvons réussir. La Chine est un très bon exemple de cette stratégie. Nous avons choisi de vendre cette filiale parce que nous n’étions que le quarantième assureur dans ce pays », explique-t-il. Contrairement à la plupart des grands assureurs internationaux, RSA – qui a réalisé l’an dernier l’essentiel de ses 8,7 milliards de livres de chiffre d’affaires au Royaume-Uni, en Scandinavie et au Canada – va ainsi tourner le dos à l’Asie pour limiter sa présence dans les pays émergents à l’Amérique latine. Pour son directeur général, RSA, qui est exclusivement centré sur les assurances de biens et de responsabilité, doit être capable « de rivaliser avec les grands leaders mondiaux sur les marchés que nous avons choisis ».

Adepte d’un style direct et sans fioritures, bien calibré pour plaire aux investisseurs de la City, Stephen Hester – qui a tombé la veste pour son entretien avec « Les Echos » – ne cache pas que RSA a encore du travail sur le plan opérationnel. « Il nous faudra encore trois ou quatre ans pour remettre notre performance à un niveau similaire à nos grands compétiteurs internationaux », affirme-t-il. L’assureur prévoit notamment d’économiser 180 millions de livres d’ici à 2016. Il ne dévoile en revanche pas les implications de ce plan de réduction de coûts et de transformation opérationnelle en matière d’emplois. Après une perte de 338 millions de livres l’an dernier, l’assureur britannique espère renouer avec les profits en 2014