Aux Etats-Unis, vous n’entendrez pas un ministre s’en émouvoir. Mais Bill Gross, fondateur de Pimco, a touché l’an dernier un bonus de 290 millions de dollars, de quoi s’offrir un Airbus A350 (prix catalogue). C’est ce que révèle Bloomberg. Un bonus à la hauteur du fonds géré par Bill Gross, Pimco Total Return, 237 milliards de dollars d’actifs sous gestion fin 2013, mais qui interpelle après le départ tumultueux, il y a quelques semaines, du gérant star pour le petit concurrent Janus.

Pimco est d’ailleurs un habitué des bonus gargantuesques. La même année, Mohamed El Erian, dont le départ début 2014 avait provoqué une première remise en cause du management de Bill Gross, avait reçu 230 millions de dollars de bonus, selon Bloomberg. Par comparaison, Laurence D. Fink, patron de BlackRock, plus grande société de gestion du monde, n’a touché « que » 22,9 millions de dollars, alors que Michael Diekmann, patron d’Allianz, la maison mère de Pimco, a reçu une rémunération de 8,99 millions.

Interrogé par Bloomberg, Dan Tarman, responsable de la communication de Pimco, n’a pas souhaité commenté ces niveaux de bonus, qu’il juge toutefois « incorrect ». Mais il a expliqué les spécificités du groupe. « Depuis plus de trente ans, les responsables de Pimco ont maintenu un intéressement significatif, représentant actuellement 30 % des bénéfices, ce qui offre un moyen important pour attirer et conserver les meilleurs talents pour servir nos clients ».

La révélation de ces chiffres tombe mal pour Pimco qui fait face, notamment depuis le départ de Bill Gross, à une vague de rachats sans précédent de la part des clients. En octobre, le fonds Total Return a encore essuyé 27,5 milliards de dollars de sorties. Si les encours gérés restent importants, 170,9 milliards de dollars, au plus haut de 2013, il pesait 293 milliards de dollars !

L’hémorragie ne s’explique pas seulement par le départ du fondateur emblématique du groupe, mais aussi par la performance mitigée du fonds depuis plus d’un an. Dans sa note mensuelle adressée, début novembre, aux clients, Dan Ivascyn, le nouveau responsable de l’investissement de Pimco, tente d’ailleurs de les rassurer en rappelant que les principes d’investissement de Bill Gross, qui étaient ceux du groupe depuis l’origine, seront conservés, avec l’objectif d’obtenir une meilleure performance que les indices de référence. 

P. Fay, Les Echos