Nouveau mouvement majeur dans la structuration à marche forcée du marché de la protection sociale complémentaire. Adréa Mutuelle, Apréva Mutuelle et Eovi MCD Mutuelle, trois mutuelles interprofessionnelles importantes, ont annoncé jeudi leur rapprochement via la création en 2015 d’une union mutualiste de groupe (UMG). Avec 1,67 milliard d’euros de cotisations en santé et près de 3 millions de personnes protégées, le nouvel ensemble s’imposera comme le troisième pôle mutualiste en France, derrière Harmonie Mutuelle et le groupe MGEN.

En choisissant de former une UMG, qui implique des liens de solidarité financière entre elles sans pour autant constituer une fusion, les trois mutuelles s’engagent dans un projet « structurant », selon l’expression d’Alain Tison, le président d’Apréva (314 millions d’euros de cotisations en santé l’an dernier, 496.000 personnes protégées) . « Nous sommes convaincus que l’effet taille devient de plus en plus important », explique-t-il. Cette union doit «  nous permettre de mieux faire face à la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise [plus connue sous le terme d’ANI, ou accord national interprofessionel, NDLR], à la radicalisation de la concurrence, ainsi qu’à Solvabilité II [les nouvelles normes prudentielles du secteur de l’assurance, NDLR]  », ajoute Patrick Brothier, président d’Adréa (553 millions de chiffre d’affaires en santé, 986.000 personnes protégées).

En unissant leurs forces, les trois acteurs veulent en particulier se donner les moyens de « cofinancer et de déployer des investissements importants, mais aussi de saisir de nouvelles opportunités sur des marchés et des métiers en croissance ». Alors qu’elles couvrent déjà plus de 28.000 entreprises et qu’elles ont accès aux accords de branche via leur société Mutex, elles veulent ainsi pouvoir mieux attaquer le marché des TPE – qui constituent le gros des entreprises à équiper dans le cadre de l’ANI -, mais aussi se développer davantage sur les grands comptes et le courtage.

Sur ce plan, « notre complémentarité territoriale est un véritable atout », souligne Maurice Ronat, le président d’Eovi MCD (800 millions d’euros de cotisations en santé, 1,47 million de personnes protégées en intégrant la fusion en cours avec la mutuelle Myriade). Rarement en concurrence frontale, les trois groupes pourront s’appuyer sur un réseau de 370 agences. L’un de leurs premiers chantiers sera de se doter d’une marque commune.

Adréa, Apréva et Eovi MCD veulent aussi se servir de l’UMG pour améliorer leurs coûts avec des synergies possibles sur les systèmes d’informations ou les achats, par exemple. Mais elles n’entendent pas s’arrêter là, évoquant leur volonté de « déployer une politique de partenariats avec d’autres mutuelles »

Laurent Thévenin, Les Echos