La Banque Postale et Malakoff Médéric sont en discussion en vue de rapprocher leurs sociétés de gestion respectives, à savoir La Banque Postale AM et Fédéris Gestion d’Actifs (GA), selon nos informations. « Les discussions sont en cours, mais elles en sont à un stade très préliminaire, explique un proche des négociations. Il s’agit de voir au mieux comment on peut travailler ensemble dans l’intérêt des clients et des salariés. »

La genèse de ces discussions est à chercher dans une sorte de jeu de dominos commencé avec le rapprochement de Malakoff Médéric et de la Mutuelle Générale (voir « Les Echos » du 4 septembre). Les deux groupes sont entrés en négociation exclusive depuis début septembre en vue de former un géant de l’assurance de personnes, en se rapprochant dans le cadre d’un mouvement plus large de consolidation à marche forcée du secteur. Or la Mutuelle Générale est aussi alliée à La Banque Postale dans des produits de santé individuelle au sein d’une filiale commune La Banque Postale Assurance-Santé. Aux côtés de deux autres gérants, La Banque Postale AM gère aussi un mandat pour le compte de la Mutuelle Générale. L’idée est donc de faire en sorte que toutes ces différentes alliances puissent fonctionner ensemble.

Dans le secteur de la gestion d’actifs, un tel rapprochement serait l’un des plus importants en France depuis la création d’Amundi, qui a vu s’allier la Société Générale au Crédit Agricole. Pour mémoire, La Banque Postale AM a été créée en 1988 sous le nom de Sogéposte et gérait à fin juin environ 147 milliards d’euros. Fédéris GA de son côté est plus petit avec des encours sous gestion de l’ordre de 25 milliards d’euros.

Pour certains observateurs, les discussions seraient d’autant plus facilitées que Vincent Cornet, directeur des gestions de La Banque Postale AM, est un ancien dirigeant de Fédéris GA. « L’opération n’est pas forcément très transformante pour le secteur dans la mesure où il s’agit de deux groupes captifs, mais elle aura le mérite de dégager des synergies dans la gestion des risques, le back et middle-office ou encore d’atteindre la taille critique, notamment pour Fédéris GA. Elle leur permettrait alors d’accélérer leur développement sur des clientèles externes », assure un professionnel du secteur. Reste à savoir aussi comment le partage des pouvoirs pourrait se faire. « La Banque Postale AM étant plus grande, c’est elle qui en aurait le contrôle ; ce serait une première pour un groupe de prévoyance comme Malakoff Médéric de laisser sa gestion sous le contrôle capitalistique d’un autre groupe », note le même expert. « La gestion d’actifs, c’est un métier que l’on peut partager vite et Malakoff Médéric gardera toujours le pouvoir sur les mandats qui lui sont propres. Ce serait une belle opération pour le groupe », note un autre spécialiste du secteur. A condition que les discussions aillent jusqu’au bout. 

Réjane Reibaud, Les Echos