Mauvaise nouvelle pour les assurés. Une nouvelle fois, les données compilées par « Les Echos » font ressortir une hausse globale des prix de l’assurance. Mais sans doute plus qu’avant, ces évolutions moyennes cachent une grande disparité, la tendance étant à une plus grande segmentation des tarifs, notamment sur le critère de la fidélité ou de la multidétention.

C’est là que les évolutions seront les plus douces. Si la MAAF, la Matmut et la Maif ont annoncé un gel de leurs prix, les autres assureurs interrogés par « Les Echos » vont pratiquer des majorations moyennes comprises entre 1 % et 2,6 %. « Nous sommes sur une stratégie de fidélisation et de relation sur la durée, en anticipation de la loi Hamon [sur la résiliation infra-annuelle des contrats, NDLR). Aussi, il n’y aura pas de majoration pour 4 clients sur 5 », explique Sylvain Mortera, directeur général d’Aréas Assurances. Chez Thélem Assurances, un tiers des clients bénéficieront même d’une baisse.

Ces évolutions peuvent sembler mesurées. « Nous sommes face à une situation nouvelle puisque la fréquence des sinistres corporels est en hausse de 5 % cette année, alors qu’elle baissait de 2 à 3 % par an ces dernières années », souligne Jacques de Peretti, directeur général d’AXA particuliers-professionnels. La raison ? La bonne météo du début d’année et la baisse du prix des carburants, qui font que les Français ont roulé davantage, ainsi que « de nouveaux comportements à risques » liés à l’utilisation de plus en plus fréquente des smartphones au volant, selon l’assureur.

A la Macif, Jean-Philippe Dogneton, directeur du pôle IARD, signale que l’année a été marquée par « une sur-fréquence des corporels lourds »« L’évolution est heureusement plus favorable pour les dommages matériels », ajoute-t-il. Ce qui inquiète les assureurs, c’est le coût des préjudices corporels qui « ne cesse de gonfler dans des proportions totalement imprévisibles », déplore Tanguy Le Maire, en charge de la clientèle des particuliers chez Generali France. Un élément inflationniste est pointé du doigt : la diffusion progressive dans les cours d’appel d’un référentiel unique d’indemnisation. Alors que AXA va faire évoluer ses tarifs de 2,6 % en moyenne, « 1,8 % seront liés à la hausse de la sinistralité et 0,8 % pour prendre en compte l’impact du référentiel unifié », détaille Jacques de Peretti.

Le secteur connaîtra les plus fortes hausses, qui pourraient atteindre 5 %. « On avait atteint des niveaux de primes beaucoup trop bas. Le marché souffre en particulier d’avoir sous-estimé le poids des climatiques », souligne Pierre François, directeur de Swiss Life Assurances de biens. Et la série d’intempéries qui a frappé la France cette année – en particulier la grêle de la Pentecôte – a laissé une lourde trace. « En 2014, le coût des événements climatiques sera supérieur de 50 % à la charge moyenne des vingt dernières années », indique Jacques de Peretti. Les conséquences tarifaires ne seront pas forcément les mêmes pour tous. « Les différenciations seront plus marquées que les autres années entre les appartements et les maisons individuelles », explique Stéphane Dessirier, directeur général du groupe MACSF. Seule bonne nouvelle : la baisse du nombre de cambriolages, pour la première fois en six ans. Mais rien qui puisse toutefois remettre d’aplomb un marché de la multirisque habitation déficitaire. « Je crains que l’on n’ait pas tout vu », prévient Tanguy Le Maire, qui pointe « la vétusté croissante des immeubles, le manque d’entretien ou l’enchevêtrement des responsabilités entre syndics et copropriétaires ».

Sans surprise là non plus, les prix de la complémentaire santé poursuivent leur ascension. La faute à l’augmentation tendancielle des dépenses de santé. La majorité des hausses annoncées se situent entre 2 et 3 %, la Matmut (0 %) et la Macif (+ 0,8 %) se distinguent. Le marché reste dans l’expectative quant à l’impact de la réforme des contrats « responsables ». « Nous pensons qu’ils vont renchérir les prix », estime Stéphane Dessirier.

En assurance collective, un élément va jouer : l’extension de la portabilité des droits – la période durant laquelle une personne ayant quitté l’entreprise peut continuer à bénéficier de son contrat – de 9 à 12 mois. « Nous en avions déjà tenu compte dans nos tarifs 2014, mais à hauteur d’une demi-année, puisque la mesure était effective au 1er juin. Cela va représenter un surcoût de 2,5 % en 2015 », indique Jean-Pierre Diaz, directeur assurances santé-prévoyance chez AG2R La Mondiale. Le groupe augmentera ses prix de 5 % en moyenne sur les contrats collectifs et de 2,5 à 3 % en individuel. 

Laurent Thévenin, Les Echos