C’est un chiffre que les assureurs et les banquiers ne manqueront pas de relever et qui pourrait les conduire à infléchir leur politique commerciale. D’après une nouvelle enquête réalisée par Harris Interactive pour Deloitte auprès de 4.000 actifs et retraités, les Français se préoccupent de plus en plus tôt de leurs vieux jours, un horizon qui n’a de cesse de les inquiéter. L’âge moyen de début de préparation à la retraite est ainsi tombé à 45 ans, alors qu’il était encore de 47 ans lors du baromètre de 2011. Les jeunes générations se montrent de plus en plus prévoyantes, puisque 16 % des 25-34 ans ont déjà entamé la démarche, contre 11 % en 2011. Dans cette tranche d’âge, ils seront même 44 % à avoir commencé à préparer leur retraite avant 35 ans.

Autre confirmation, la perspective de la retraite reste le principal motif d’épargne des actifs, en particulier à partir de 35 ans. Alors que 78 % des personnes interrogées n’ont, au mieux, qu’une vague idée du montant de leur pension future, elles sont de plus en plus nombreuses à mettre de l’argent de côté en prévision de la retraite. « En période de crise économique, les ménages sont plus fourmis », relève Hugues Magron, directeur conseil assurances chez Deloitte. Plus de 60 % des actifs disent épargner dans cette optique, contre 58 % en 2011. Cette tendance est très marquée chez les 25-34 ans (48 %, contre 43 % en 2011) et les 35-44 ans (58 %, contre 50 %). Autre signe encourageant pour les institutions financières, ceux qui épargnent le font de façon plus régulière.

Les efforts consentis par les Français en vue de la retraite sont « significatifs ». La majorité des actifs y dédient plus de 5 % de leur revenu. Ils sont même 32 % à épargner entre 6 et 10 % de leur revenu et 23 % plus de 11 %. Mais cette épargne «  est orientée prioritairement vers des supports liquides et de court terme, non adaptés aux enjeux long terme de préparation à la retraite », constate Deloitte. Plus de 80 % des personnes interrogées utilisent les comptes sur livrets (Livret A, LDD, etc.), 45 % l’épargne logement et 44 % l’assurance-vie, qui reste toutefois le deuxième produit privilégié. En regard, les solutions d’épargne retraite individuelle (PERP, Préfon, Corem) ne sont privilégiées que par 9 % des sondés. L’épargne dans le cadre de l’entreprise (Perco, « articles 39 », participation, intéressement, etc.) gagne, elle, un peu de terrain : c’est le produit privilégié de 8 % des actifs.

« Notre conviction est qu’il n’y a pas un produit miracle qui va répondre à toute la demande. Les Français l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’ils détiennent déjà en moyenne 2,7 produits », estime Fabien Sauvage, associé conseil responsable du secteur assurances chez Deloitte.

Laurent Thévenin, Les Echos