Un mois après le passage meurtrier de l’ouragan Sandy sur la côte nord-est des Etats-Unis, on commence seulement à avoir une idée un peu plus précise du coût de cette catastrophe pour les assureurs et les réassureurs. Swiss Re, le deuxième réassureur mondial, a évoqué hier une facture de 20 à 25 milliards de dollars pour le secteur (15,4 à 19,3 milliards d’euros). Un ordre de grandeur qui corrobore l’estimation donnée par son concurrent français SCOR il y a deux semaines. S’il se confirmait, ce chiffrage ferait de cet ouragan l’un des cinq ou six plus coûteux en termes de pertes assurées.

Ces montants colossaux n’ont rien de surprenant, Sandy s’étant abattu sur une région densément peuplée, comme le rappelle Swiss Re. Plusieurs facteurs plombent par ailleurs l’addition : outre les dommages causés aux habitations et aux entreprises, cet événement a occasionné « des pannes d’électricité prolongées, des perturbations dans les transports en commun et des dégâts sur d’autres infrastructures ». Sans compter des pertes qui s’annoncent très lourdes sur les couvertures pour interruption d’activité ou les risques liés à la chaîne d’approvisionnement.

Tous ces éléments compliquent considérablement le travail d’estimation, souligne à son tour Swiss Re, qui précise que l’estimation de son exposition (nette de rétrocession et avant impôts) supporte « un degré d’incertitude plus élevé que d’habitude et pourrait par conséquent être ajusté ultérieurement ». Pour l’heure, le réassureur suisse annonce être touché à hauteur de 900 millions de dollars (694 millions d’euros).

Risques « de pointe »

C’est plus que les pertes que son grand concurrent allemand Munich Ré pense subir. Au début du mois, le leader mondial du secteur avait estimé son exposition aux alentours de 500 millions d’euros. Les autres grands réassureurs n’ont pas encore donné leurs chiffres, mais Hannover Re comme SCOR ont déjà indiqué être en mesure de faire face à cet événement. Le groupe français a même précisé être moins touché que d’autres, n’ayant pas participé au placement de risques « de pointe », comme la couverture d’infrastructures ou de transports.

Reste à connaître le coût de Sandy pour les grands assureursdommages américains (Chubb, Liberty Mutual, State Farm et Travelers), qui devraient supporter une bonne part de l’addition. Parmi eux, seul Allstate a communiqué sur le sujet. Son exposition devrait excéder les 150 millions de dollars.

Laurent Thévenin, Les Echos