Cucchiani nominato ceo di Intesa SanPaolo

Les diplômés de la Bocconi de Milan ont décidément le vent en poupe. Le 16 novembre, le président de la prestigieuse université, Mario Monti, a remplacé Silvio Berlusconi à la tête du gouvernement. Le même jour, Corrado Passera, diplômé de la Bocconi et jusqu’alors patron d’Intesa Sanpaolo, a été nommé ministre du Développement économique, de l’Equipement et des Transports. Et hier, un autre ancien élève de la maison a été désigné pour lui succéder. Il s’agit d’Enrico Cucchiani, en charge depuis 2006 des activités de l’assureur allemand Allianz en Europe du Sud, en France et au Benelux, ainsi qu’en Afrique et en Amérique latine.

C’est donc Milan qui a gagné contre Turin. Depuis la fusion de Banca Intesa et Sanpaolo IMI en 2007, les fondations bancaires actionnaires, originaires des capitales lombarde et piémontaise, Cariplo et Compagnia di Sanpaolo, sont toujours restées en concurrence. La turinoise préférait une solution interne, avec l’investiture de Marco Morelli, qui assure actuellement l’intérim. La milanaise cherchait l’homme idoine à l’extérieur du groupe, avec l’appui de Giovanni Bazoli, président du conseil de surveillance. Cette instance a donc arrêté son choix sur Enrico Cucchiani, lequel a ensuite été coopté au directoire.

Le successeur de Corrado Passera, crâne dégarni et barbe grise, est âgé de 61 ans. Il est né à Milan mais il a épousé une Allemande et s’est installé à Munich, en Bavière. Après la Bocconi, il a étudié à Harvard et Stanford. Sa carrière a démarré en 1977 à Chicago, au sein de la Continental Illinois National Bank. A son retour à Milan deux ans plus tard, il a rejoint McKinsey, avant de prendre la direction du groupe de luxe Gucci en 1985. C’est en 1996 qu’il plonge dans le monde de l’assurance, d’abord chez Lloyd, à Trieste, puis dix ans après chez Allianz. Enrico Cucchiani est administrateur du fabricant de pneus Pirelli, dont Allianz possède 4,5%.

Membre de la Trilatérale

Comme Mario Monti, il est membre de la Trilatérale, cénacle international très discret, composé de politiciens et de grands patrons à la pensée libérale. Au printemps, son nom est apparu dans les écoutes téléphoniques d’une sombre affaire de corruption dite « de la loge P4 », dont le personnage principal, Luigi Bisignani, est soupçonné d’avoir intrigué pour évincer Alessandro Profumo de la direction d’UniCredit, en septembre 2010. Enrico Cucchiani a du reste des liens étroits avec UniCredit, concurrent direct d’Intesa Sanpaolo : réputé proche de Fabrizio Palenzona, numéro deux du groupe, il siège au conseil d’administration au nom d’Allianz, qui possède 2 % d’Unicredit. Un poste qu’il va maintenant devoir abandonner.

Guillaume Delacroix, Les Echos