LAURENT THÉVENIN
APRÈS LA TUERIE DE LAS VEGAS, LEMONADE, UNE JEUNE POUSSE SPÉCIALISÉE DANS L’ASSURANCE-HABITATION AUX ETATS-UNIS, A REVU SES GARANTIES.
Lemonade, le trublion de l’assurance américaine, n’en finit plus de se démarquer. Cette start-up, qui vend de l’assurance-habitation à New York et dans cinq autres Etats, vient d’annoncer qu’elle allait limiter ses couvertures pour les armes à feu. « Les 600 victimes » de la fusillade de Las Vegas « nous ont fait repenser nos garanties », a écrit sur son blog Daniel Schreiber, l’un de ses cofondateurs.

L’assurtech
ne rembourse ainsi qu’à hauteur de 2.500 dollars maximum ses assurés pour les dommages causés à leurs armes à feu ou dans le cas de leur vol. « Si vous possédez pour plus de 2.500 dollars d’armes à feu, nous vous recommandons d’aller voir l’un de nos concurrents. Il semble qu’ils offrent tous des couvertures additionnelles », avance Daniel Schreiber.
Lemonade va aussi exclure de son champ de garantie les fusils d’assaut. « Nous ne comprenons pas pourquoi des civils ont besoin d’avoir des armes militaires », justifie-t-il. La jeune pousse va aussi exiger que les armes à feu soient « stockées de manière sécurisée » et « utilisées de manière responsable ».

Cette démarche dénote une nouvelle fois une approche différente. Lemonade s’est, en particulier, voulu d’emblée transparente sur son modèle économique. La jeune pousse prélève ainsi une commission de 20 % du montant de la prime. Par ailleurs, environ 20 % des cotisations lui servent à acheter de la réassurance (auprès du Lloyd’s, notamment), tandis qu’elle en consacre encore 20 % à son propre outil de « réassurance ».

Dans

son schéma dit « peer to peer »
, les utilisateurs sont invités, au moment de la souscription, à choisir une oeuvre caritative. Ils sont ensuite regroupés dans une même communauté en fonction de ce choix. Leurs primes serviront à régler les sinistres de leur groupe. Si, en fin d’année, il reste encore de l’argent dans le pot commun, alors il sera reversé à l’oeuvre caritative.
En septembre, un an environ après ses débuts à New York, Lemonade a indiqué que tout se « déroulait comme prévu ». Sans surprise, sa clientèle – attirée par la promesse de pouvoir acheter un contrat en 90 secondes et d’être indemnisée en trois minutes chrono – est « jeune, éduquée, technophile, avec des revenus plus élevés que la moyenne ».

Pour la première moitié de 2017, Lemonade fait toutefois état d’un modeste 433.000 dollars de primes acquises au total. Mais « nous sommes sélectifs dans notre souscription », affirme l’assurtech. Si elle dit accueillir les yeux fermés les locataires, elle se montre plus méfiante envers les propriétaires, n’ayant fait une proposition de tarif qu’à environ un sur deux. Très réassurée (avec jusqu’à 325 millions de dollars de protection), elle affichait un ratio net de sinistralité de 76 % à fin juin.
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