VALÉRIE ORSONI FONDATRICE ET PDG DE LEBOOTCAMP.COM ET SYLVAIN GARIEL

D’APRÈS UNE ÉTUDE D’EXTON CONSULTING, LE NOMBRE ET LE COÛT DES SINISTRES POURRAIENT ÊTRE DIVISÉS PAR DEUX D’ICI À 2030. LE SECTEUR DE L’ASSURANCE VA DEVOIR REPENSER SON MODÈLE.
Avec l’arrivée annoncée des voitures autonomes sur les routes françaises,

le secteur de l’assurance est en première ligne
. Ces nouveaux véhicules devraient permettre de réduire drastiquement le nombre d’accidents de la circulation. Selon une étude du cabinet Exton Consulting, la généralisation des véhicules autonomes pourrait entraîner une baisse de 50 % du nombre et du coût des sinistres à horizon 2030, du fait de la quasi-disparition des accidents causés par des erreurs humaines.
Pour autant, ce sont surtout les accidents légers qui seront évités. Mais les accidents graves coûteront de plus en plus cher. D’une part, parce que l’indemnisation et la prise en charge médicale des victimes corporelles voient leur coût augmenter année après année. D’autre part, parce que les technologies embarquées dans les véhicules autonomes renchérissent considérablement le coût des réparations.

De nouveaux risques
Mais surtout, les assureurs vont se retrouver face à des cas beaucoup plus complexes. Les parties prenantes dont la responsabilité pourrait être engagée se trouveront démultipliées, entre les constructeurs automobiles, les équipementiers fournissant capteurs et logiciels embarqués, les opérateurs de plate-forme, comme Uber ou encore les collectivités et administrations chargées de l’aménagement du territoire. Il s’agira aussi d’intégrer des nouveaux risques, comme le cyberterrorisme ou le piratage à distance des ordinateurs de bord.

Dans ce contexte, le cadre législatif régissant la responsabilité civile devrait être revu. Aujourd’hui, la réglementation des assurances basée sur les conventions de Genève (1949) et de Vienne (1968) indique que le seul responsable est le conducteur. La Commission économique des Nations unies pour l’Europe a introduit une nouveauté en mars 2016, en imposant aux constructeurs de fournir une boîte noire inviolable, comme celles utilisées dans le monde de l’aviation, qui serait accessible gratuitement en cas d’accident.

Les assureurs n’ont toutefois pas attendu pour se pencher sur le sujet. AXA, par exemple, s’est associé avec Tesla, à Hong Kong, pour offrir un produit d’assurance inclus dans le prix du véhicule. En Europe, une telle approche s’avère pour le moment impossible, le client devant avoir le choix de son assurance.

En France, Allianz s’est engagée sur le marché
avec la seule offre à ce jour, offrant 25 % de réduction pour les propriétaires de véhicules assistés et semi-autonomes. Cette stratégie s’avère payante puisque 80 % de ces souscripteurs sont de nouveaux clients.
Au-delà de la voiture autonome, « d’autres évolutions pourraient également impacter les assureurs, comme le développement de l’auto-partage, du covoiturage, ou de l’achat partagé de véhicules », indique Jean-Louis Delpérié, associé chez Exton Consulting. Avec ces nouveaux usages, une partie du marché de l’assurance « serait transférée vers le marché des flottes dans une logique B to B », ajoute-t-il. Une perspective qui va complètement bousculer le modèle des assureurs qui vendent majoritairement leurs contrats d’assurance auto directement au conducteur.
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