DIDIER BURGCORRESPONDANT À AMSTERDAM
NN GROUP, DEUXIÈME ASSUREUR NÉERLANDAIS, VEUT RACHETER DELTA
LLOYD, NUMÉRO CINQ DU SECTEUR, POUR 2,4 MILLIARDS D’EUROS.
Le mouvement de concentration dans l’assurance néerlandaise se précise. Numéro deux du
secteur coté à la Bourse d’Amsterdam, NN Group, ex­filiale d’assurances d’ING, va lancer une OPA
« non sollicitée » sur son concurrent Delta Lloyd, troisième compagnie d’assurances du pays. En
proposant 5,30 euros par titre aux actionnaires de Delta Lloyd, soit une prime de 30 % sur le
dernier cours, NN est prêt à mettre 2,4 milliards d’euros sur la table pour avaler sa proie.
Outre une offre alléchante envers les actionnaires, NN est en position de force en termes de taille.
Sa capitalisation boursière s’élève à 9 milliards d’euros, contre 1,9 milliard d’euros pour Delta
Lloyd. Sur le terrain, NN est deux fois et demie plus gros avec un encaissement de primes de
9,2 milliards d’euros en 2015 et 15 millions de clients en Europe et au Japon, à comparer aux
4 milliards d’euros collectés par Delta Lloyd avec 4,2 millions de clients aux Pays­Bas et en
Belgique.
« Sur un marché sans quasiment aucune croissance autonome du fait du bas niveau des taux
d’intérêt, un regroupement comme celui­ci est une étape logique », commente Joost van Beek,
analyste de Theodoor Gilissen. Sans compter les exigences renforcées en matière de constitution
de réserves pesant sur le secteur. Les assureurs néerlandais subissent en outre des revers sur le
terrain de l’assurance­vie après le scandale dit des « polices d’usure ». Quant à la branche nonvie,
elle pâtit d’un regain de sinistres à la suite des intempéries. Le ministère des Finances et la
banque centrale néerlandaise avaient d’ailleurs récemment appelé à une consolidation dans
l’assurance.
Dans la tourmente l’année dernière, Delta Lloyd a dû, de fait, procéder dans l’urgence à l’émission
de 650 millions d’euros pour renforcer ses fonds propres. Les remontrances répétées de la banque
centrale néerlandaise, organisme de tutelle du secteur de l’assurance, avaient aussi provoqué à
l’époque le départ du directeur général.
Reste que la bonne fin de l’OPA est soumise à une incertitude de taille. Le conglomérat nippon
Fubon est en effet entré au capital de Delta Lloyd à la faveur de son émission de capital en 2015.
Et nul ne connaît pour l’heure l’intention de cet actionnaire, qui dispose d’une option, de détenir
jusqu’à 20 % du capital de Delta Lloyd
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