La facture des inondations qui ont touché la Côte d’Azur le premier week-end d’octobre devrait être la plus lourde pour les assureurs depuis celles qui avaient frappé le Var en juin 2012. Alors qu’ils avaient dû régler 615 millions d’euros, l’Association française de l’assurance (AFA) a estimé vendredi que le coût pour le secteur atteindrait entre 550 et 650 millions d’euros pour plus de 60.000 déclarations de sinistres. De son côté, la Caisse centrale de réassurance (CCR) a avancé vendredi une fourchette voisine : entre 500 et 650 millions d’euros. « Du fait des contrats qui la lient à ses clients assureurs, CCR prendra environ 50 % de ce montant à sa charge », indique le réassureur public qui intervient dans l’indemnisation des catastrophes naturelles en France.

Une année jusque-là plutôt calme

La somme est importante au regard du reste de l’année 2015, qui avait jusque-là été particulièrement calme, exceptions faites des orages de fin août dans le Sud-Ouest, en particulier dans le Tarn-et-Garonne. Mais les inondations de début octobre dans les Alpes-Maritimes et le Var ne représenteront pas une catastrophe d’une ampleur exceptionnelle sur le plan financier pour les assureurs. Pour mémoire, l’année 2014 avait vu la profession payer aux intempéries un tribut bien plus important, soit 2,2 milliards d’euros.

« C’est un événement qui a une résonance nationale en raison du terrible bilan humain [20 morts et 2 disparus, NDLR], mais son impact matériel total est de taille moyenne et très localisé », confirme Claude Zaouati, directeur général d’ Aviva Assurances. Les intempéries ont certes touché une zone très densément peuplée et riche, présentant donc de fortes « valeurs assurables ». Mais « la situation n’a pas duré. Les phénomènes de submersion ont été très rapides. Il n’y a pas eu de submersion marine et, a priori, peu d’eau durablement stagnante », explique Jean-Louis Charluteau, directeur des risques dommages chez Generali France.

Sinistralité automobile particulièrement élevée

Quelque 300 experts indépendants sont présents sur le terrain pour évaluer les dégâts, comme l’indique la CCR. « Il est encore très difficile d’avoir une idée du coût moyen », a précisé Thierry Derez, le PDG de Covéa (MMA, MAAF, GMF) lors d’une rencontre avec l’Association nationale des journalistes de l’assurance, vendredi. Les dégâts ont parfois été très différents d’une zone à l’autre. « Il y aura des dossiers d’une ampleur certaine, par exemple dans le centre commerçant de Cannes, et d’autres beaucoup plus modestes », décrit Jean-Louis Charluteau.

Pour cet événement, « la sinistralité automobile semble particulièrement élevée », constate la CCR. De nombreux véhicules ont été rendus hors d’usage par les coulées de boue. Sur la base des déclarations déjà reçues, Covéa – numéro un français de l’assurance de biens et de responsabilité – en est à 16.000 sinistres estimés, dont 7.000 en habitation, 8.000 en automobile et 1.000 pour les entreprises et les commerçants.