C’est l’épilogue historique d’une catastrophe qui aura coûté près de 57 milliards de dollars au pétrolier britannique BP. Cinq ans après l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, qui a fait 11 morts et provoqué la fuite de 4 millions de barils dans le golfe du Mexique, le ministère de la Justice américain a annoncé lundi avoir conclu un accord définitif avec BP pour solder les poursuites civiles liées à la marée noire. Le groupe britannique devra verser au total 20,8 milliards de dollars à l’Etat fédéral, ainsi qu’aux cinq Etats côtiers (Alabama, Floride, Louisiane, Mississipi et Texas) et aux centaines de collectivités locales qui avaient subi la catastrophe. Une somme sensiblement supérieure à celle qui avait été annoncée début juillet par BP suite à un accord de principe avec la justice (18,7 milliards de dollars). Les paiements seront étalés sur seize ans, ce qui, là aussi, est moins avantageux qu’en juillet (dix-huit ans).

« La punition méritée »

«  C’est la pénalité la plus élevée jamais payée par une société dans l’histoire des Etats-Unis », a déclaré la ministre de la Justice Loretta Lynch. Elle inclut une sanction de 5,5 milliards de dollars pour violation de la loi sur l’environnement, elle aussi la plus élevée de l’histoire. « BP reçoit la punition qu’il mérite, tout en fournissant les indemnisations essentielles aux dommages causés à l’environnement et à l’économie de la région », a poursuivi la ministre. Les pêcheurs et les professionnels du tourisme avaient été particulièrement affectés par la marée noire de 2010.

Au total, cet accord, qui doit encore être validé par un juge, porte à 56,7 milliards de dollars le coût de la catastrophe pour BP. Le groupe a déjà dû régler le nettoyage des dégâts sur l’environnement, payer des amendes, indemniser les victimes privées.

Dans ses comptes semestriels au 30 juin 2015, les provisions relatives à la marée noire s’élevaient déjà à 54,6 milliards de dollars, dont 36 milliards ont déjà été déboursés. Une facture astronomique que le pétrolier britannique a financée grâce à un lourd programme de cessions. Fin juillet, il a indiqué qu’il s’était déjà délesté de 45 milliards de dollars d’actifs – sans compter la cession de TNK-BP, qui lui a rapporté 26 milliards. Et son programme de cessions sur l’année, qui portait sur 10 milliards de dollars, est déjà bien avancé, (à 7,4 milliards).

Au final, malgré l’ampleur de la catastrophe et de l’addition à payer, BP aura maigri mais survécu. Fin juillet, suite à l’accord de principe conclu avec la justice américaine, il avait passé des provisions de 7,5 milliards de dollars qui l’avaient conduit à annoncer une perte trimestrielle de 6,3 milliards. 

Anne Feitz, Les Echos