Petit mois de septembre pour l’assurance-vie. Certes, le produit d’épargne phare des Français poursuit sur sa belle lancée – enregistrant une collecte nette positive pour le 21e mois d’affilée – et cumulant 18,4 milliards de dépôts net (dépôts moins retraits) depuis le mois de janvier. Mais la collecte nette du mois de septembre n’aura été que de 1,2 milliard d’euros. Il s’agit de la moins bonne performance depuis décembre 2014. Pour rappel, l’assurance-vie avait attiré 3,4 milliards d’euros en juillet, et 1,6 milliard en août.

Sur le plan arithmétique, cette petite forme s’explique par un effet de ciseaux : le même mois, les cotisations ont été en dessous de la moyenne (10,4 milliards d’euros) et celui des retraits dans la fourchette supérieure (9,2 milliards d’euros). Le mois de septembre est généralement peu porteur pour les produits d’épargne, en raison des dépenses de rentrée et du dernier tiers de l’impôt sur le revenu à débourser. « Les ménages plus aisés – dont la tranche marginale de l’impôt est plus élevée – sont aussi ceux qui détiennent davantage d’épargne sur leur assurance-vie, et certains ont dû procéder à des rachats dans de plus grands volumes », souligne Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures.

Figure d’exception

Pas de quoi faire dévier le paquebot de l’assurance-vie. Au-delà des effets saisonniers, l’assurance-vie fait pour le moment figure d’exception dans un environnement de taux faibles, engendré par la politique monétaire très généreuse de la BCE. Même s’ils diminuent d’année en année, les rendements des fonds en euros garantis ont encore servi en moyenne une rémunération de 2,48 % en 2014, et les prévisions sont encore de 2,25 % pour 2015. Par comparaison, le Livret A, autre grand succès de l’épargne à la française, fait grise mine : depuis cet été, son taux de rémunération annuel est tombé à 0,75 %, entraînant une sanction immédiate des épargnants. Depuis le début de l’année, le Livret A a vu disparaître 6,2 milliards d’euros de dépôts, dont 2,38 milliards pour le seul mois de septembre – une hémorragie là aussi amplifiée par les effets de saison.

 

Cette recherche de rendement n’est pas qu’une bonne nouvelle pour les compagnies d’assurances (voir ci-dessous). En effet, leurs clients optent encore assez massivement pour le fonds en euros (autour de 80 % des versements bruts de septembre), devenu difficile à rémunérer dans un environnement de taux très faible. C’est la raison pour laquelle les assureurs poussent commercialement les « unités de compte » (UC), plus risquées, mais présentant potentiellement des rendements plus élevés. Le message commence à être reçu par les épargnants : en cumul sur les neuf premiers mois de l’année, la collecte (brute) en UC a progressé de 48 % sur un an, à 20,2 milliards d’euros. 

Edouard Lederer, Les Echos