C’est un élément que les assureurs ne peuvent ignorer au moment d’arrêter leurs tarifs pour 2016. Et encore plus maintenant que leurs clients peuvent partir plus facilement avec les nouvelles facilités de résiliation offertes par la loi Hamon. « Il y a une corrélation directe entre le développement de leur chiffre d’affaires en automobile et leur politique de hausse tarifaire. Augmenter ses tarifs signifie désormais perdre des contrats », prévient, graphiques à l’appui, Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures. « Comme dans la grande distribution, il y a une élasticité au prix avec des clients qui réagissent immédiatement aux hausses de tarifs en auto », ajoute-t-il.

Dans ce contexte, il sera, selon lui, difficile aux assureurs de passer des hausses moyennes de 2 à 3 % en 2016, sous peine de voir leurs assurés s’en aller ou renégocier. Pour Facts & Figures, les majorations moyennes devraient tourner autour de 0,5 % à 1 % à peine. La Maif a d’ailleurs déjà annoncé qu’elle n’augmentera pas ses tarifs en assurance dommages alors que la Matmut fera de même pour l’auto. Sur les dernières années, la tendance est à une décélération du rythme des hausses tarifaires. Sur la période 2013-2015, elles n’ont atteint que 1,6 % par an en moyenne, contre 2,1 % sur la période 2011-2015, selon les estimations de Facts & Figures.

Faute de pouvoir augmenter leurs prix autant qu’ils le voudraient, les assureurs pourraient être tentés de revoir à la baisse leurs garanties afin de maîtriser leurs résultats techniques, anticipe Cyrille Chartier-Kastler.

Critères techniques

En assurance habitation (MRH), les hausses moyennes devraient, elles, être comprises entre 1 et 2 %, mais « avec des extrêmes à 0 % et + 5 %, voire au-delà ». Sur la période 2013-2015, elles se sont élevées à 3,1 % par an. D’après Facts & Figures, ce risque serait toujours mal tarifé chez de nombreux assureurs traditionnels et mutuelles sans intermédiaires, du fait de « pratiques très mutualisantes dans le passé ». Certains acteurs auraient en particulier peu pris en compte des critères techniques, comme l’exposition de l’appartement ou de la maison à assurer aux événements climatiques ou l’ancienneté de construction, par exemple. A contrario, les bancassureurs auraient une approche beaucoup plus fine. En MRH et en auto, « ils ont, sans le dire, une politique tarifaire très segmentée », constate Cyrille Chartier-Kastler. Ce qui leur donne « une capacité inégalée de génération de résultat technique » malgré la pression sur les prix.

 

Inexorable marche en avant

Un savoir-faire qui n’est sans doute pas étranger au fait que les opérateurs bancaires continuent leur inexorable marche en avant en assurance dommages. En MRH, ils se dirigent lentement mais sûrement vers les 20 % de part de marché (16,1 % en 2012, 17,1 % en 2013). En automobile, ils sont désormais sur un rythme de gain de 0,8 point par an, contre 0,6 point jusque-là, « avec la montée en puissance de la Caisse d’Epargne et de La Banque Postale ». Signe de cette dynamique, le Crédit Agricole/LCL a capté 18,4 % de la croissance nette du marché automobile en termes de chiffre d’affaires sur la période 2009-2013, devant le Crédit Mutuel (11 %), 

Laurent Thévenin, Les Echos