Ebola, Ukraine, cybercriminalité… Autant de risques de nature très différente pour les entreprises, mais qui font apparaître, selon leurs « risks managers », un même manque en termes de couverture d’assurance. Ceux-ci sont en effet en demande de solutions pour les pertes d’exploitation sans dommages matériel ou corporel résultant par exemple de la fermeture préventive d’un site industriel situé dans une zone de troubles ou d’épidémie. Dans ces cas-là, « nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer car, en général, aucune assurance ne peut jouer », explique ainsi Anne-Marie Fournier, vice-présidente de l’Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (Amrae). Selon elle, la mise en place de solutions passe par « des études approfondies de chaque situation particulière » et nécessite que les entreprises « rendent leurs risques plus lisibles pour les assureurs ».

Autre point d’attention, le « cyber risk », qui représente une menace croissante pour les entreprises. Pour l’heure, le marché – avec 355 millions d’euros de capacités en Europe continentale et 100 millions d’euros sur la place londonienne – est toujours « en structuration »« Jusqu’ici, les assureurs ont proposé des textes standards. C’est pour cela que la cyber assurance n’a pas trop fonctionné pour l’instant », souligne Anne-Marie Founier. « Il y a un gros travail d’identification et de quantification des risques à fournir. On attend aussi des assureurs qu’ils se mettent un peu en risque et qu’ils nous suivent », ajoute l’Amrae.

En attendant, les entreprises peuvent envisager avec une certaine sérénité le renouvellement de leurs programmes d’assurances arrivant à échéance au 1er  janvier 2015. Au vu du traditionnel état du marché dressé par l’Amrae à partir des remontées de six courtiers (Aon, Diot, Gras Savoye, Marsh, Siaci Saint Honore et Verspieren), les conditions tarifaires devraient, dans l’ensemble, leur être une nouvelle fois favorables.

Sur la branche dommages aux biens et pertes d’exploitation, les capacités sont ainsi en augmentation (+ 10 %, pour atteindre au total 4 milliards d’euros), tandis que le marché reste « agressif sur les affaires considérées de qualité et/ou à fort volume de primes », indique l’Amrae. D’où des baisses qui peuvent être comprises entre 5 et 10 % pour certains dossiers. « Les hausses demandées sont systématiquement liées à un dérapage de la sinistralité mais sont négociables », précise l’association.

En responsabilité civile, un autre poste important dans le budget assurance des entreprises, l’étude fait état de baisses tarifaires d’environ 5 % pour les grands comptes et de 15 à 20 % pour les entreprises de taille intermédiaire. « En surcapacités », le marché de l’assurance construction est lui aussi à l’avantage des acheteurs (- 10 à – 15 % en moyenne). La tendance est à la stabilité pour la responsabilité civile des dirigeants et des mandataires sociaux (D&O), tout comme dans la branche transport. Exception notable, le prix des couvertures des flottes automobiles affiche des hausses de 3 % en moyenne. « Les bonnes affaires (de plus en plus rares) trouvent toujours preneur, mais les écarts de prix entre compagnies se réduisent », note l’Amrae. 

Laurent Thévenin, Les Echos