Le basculement de l’assurance vers le digital devrait connaître une accélération importante dans les trois années à venir. D’après une étude réalisée par le cabinet Accenture auprès de 78 compagnies, le montant des nouvelles polices souscrites via les canaux digitaux en Europe pourrait s’élever à 25 milliards d’euros par an en 2016 (14 milliards en assurance IARD et 11 milliards en assurance-vie), contre 12 milliards d’euros en 2012. Ce sont 18 % des affaires nouvelles qui seront ainsi générées, contre 11 % en 2013.

Les mouvements seront très différents d’un pays à l’autre. Déjà en avance, le marché britannique devrait tirer 42 % de ses nouvelles ventes via le digital en 2016, contre 37 % actuellement. La progression sera plus marquée dans les pays scandinaves (de 17 % à 28 %) et en Espagne (de 10 à 17 %). Pour l’instant en retrait, les sociétés allemandes pensent tripler la part de leurs ventes numériques (à 9 %).

La France devrait se situer légèrement en deçà, mais en passant tout de même de 4 à 8 %. « On peut parler d’un décollage. Mais il reste encore des freins importants, comme la difficulté de conduire la transformation des réseaux traditionnels. En France, on sent que les compagnies souhaitent maîtriser les impacts profonds du digital sur leur organisation et leur modèle économique », observe Jean-François Gasc, directeur de l’activité de conseil en management d’Accenture Europe dans le secteur de l’assurance.

De manière générale, les assureurs européens interrogés donnent l’impression de partir de loin : 60 % d’entre eux disent ne pas avoir actuellement de stratégie digitale ou que celle-ci se limite à la direction commerciale ou à la relation client. Sans surprise, les investissements consacrés à la transformation digitale des fonctions vente et distribution vont augmenter dans les trois quarts des compagnies. Celles-ci prévoient une enveloppe moyenne de 27 millions d’euros. Mais ce budget devrait dépasser les 50 millions d’euros pour 14 % des assureurs-dommages et 4 % des assureurs-vie.

Dans le même temps, 89 % des assureurs interrogés s’attendent à une concurrence plus intense dans les trois ans à venir. Ils sont 64 % à anticiper l’irruption d’acteurs extérieurs au monde de l’assurance, comme Google – qui vient de lancer un comparateur d’assureur en France – ou des compagnies de e-commerce.

Laurent Thévenin