Alors que la réforme de l’assurance-vie se fait attendre, Crédit Agricole Assurances est déjà dans les starting-blocks. Comme les principaux opérateurs du marché, le bancassureur est demandeur de la création d’un nouveau produit, baptisé « euro-croissance », qui serait investi en titres d’entreprises et qui ne donnerait la garantie du capital qu’à terme. « Ce sera positif pour l’économie en général, puisque cela libérera certaines contraintes de gestion qui pèsent sur les assureurs. Ceux-ci pourront davantage investir sur des actifs un peu plus risqués afin, par exemple, de financer davantage les entreprises. Enfin, l’épargnant sera lui aussi gagnant en ayant la perspective d’obtenir un supplément de rendement par rapport à un fonds en euros traditionnel », plaide Jérôme Grivet, son directeur général.

A l’entendre, le fait que les épargnants ne se voient pas offrir la garantie du capital à tout moment ne serait pas un obstacle en soi. « Ils n’utilisent pas ou peu cette option. Ainsi, chez Predica [la filiale d’assurance-vie de Crédit Agricole Assurances, NDLR], la durée moyenne de détention d’un contrat d’assurance-vie est de plus de dix ans, soit bien au-delà de l’horizon à partir duquel l’avantage fiscal joue à plein », souligne-t-il.

Jérôme Grivet pose une triple condition à la réussite de l’euro-croissance. « Il faudra tout d’abord qu’il ne s’adresse pas seulement aux nouveaux flux d’épargne, mais qu’il soit possible de transférer les stocks actuels des contrats en euros », souhaite-t-il. « Nous devrons également faire, et nous nous y préparons déjà, un effort de pédagogie pour expliquer aux clients des caisses régionales et de LCL l’intérêt à mettre sur ce support une partie de leur assurance-vie traditionnelle », ajoute-t-il. Enfin, il réclame « une lisibilité et une pérennité » du cadre réglementaire et fiscal de l’assurance-vie : « C’est la contrepartie logique au fait que les épargnants renoncent à la liquidité du capital à tout moment. »

Il ne veut ainsi pas de l’instauration d’un seuil de 500.000 euros, comme le suggère le rapport Berger-Lefebvre sur l’épargne longue, au-delà duquel les contrats d’assurance-vie ne bénéficieraient plus de l’avantage fiscal. « Il faut au contraire préserver les caractéristiques actuelles de l’assurance-vie, en n’oubliant pas que ce produit est d’ores et déjà intégré à l’assiette de l’ISF, et que les gros contrats sont ainsi de facto soumis à une fiscalité supplémentaire », martèle le dirigeant.

En tout état de cause, Predica planche déjà sur le sujet. « L’objectif est d’aller vite dès que les dispositifs législatifs et réglementaires seront définis. Nous prévoyons une commercialisation au cours de l’année 2014 », annonce Jérôme Grivet.

Laurent Thévenin