C’est une tendance marquée. La concurrence est de plus en plus forte sur un marché de la complémentaire santé individuelle arrivé à saturation, avec plus de 9 Français sur 10 équipés. Comme le souligne le cabinet Jalma, qui a scruté les pratiques de 30 grands acteurs (assureurs privés, mutuelles, institutions de prévoyance, bancassureurs, courtiers, opérateurs Internet), les offres promotionnelles proposant des mois gratuits se multiplient. Avant l’été, 40 % d’entre eux en avaient déjà fait en 2012. Et l’on frôle la surenchère : les assureurs n’hésitent plus à offrir trois mois de cotisation gratuite, là où ils en donnaient deux en 2011. Sans compter les réductions permanentes accordées par ailleurs : la couverture est gratuite pour le troisième enfant chez 55 % d’entre eux et la deuxième personne assurée bénéficie d’une ristourne dans 34 % des cas.

Autre signe que la concurrence se resserre, les écarts de tarifs faciaux « sont de plus en plus proches des écarts de couverture », relève Jalma. C’est particulièrement vrai pour les offres de milieu de gamme, qui sont privilégiées par les familles.

Chiffres à l’appui, le cabinet tord aussi le cou à une idée reçue. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le marché de la complémentaire santé individuelle n’est pas hypersegmenté », constate-t-il. En moyenne, les opérateurs proposent seulement 2 gammes de produits – soit légèrement moins qu’en 2009 (2,1). Sans surprise, ce sont les assureurs privés qui proposent l’offre la plus étendue (2,8 gammes par acteur), contre 1,3 pour les mutuelles. Arrivées plus tardivement sur le marché, les filiales de banque ont, elles, étoffé leurs offres. Comme l’explique Jalma, les complémentaires santé jouent en fait sur « la largeur des gammes et/ou sur la modularité pour répondre à la diversité des besoins ».

Si la bataille est toujours aussi âpre sur le milieu de gamme, qui constitue le gros du marché, celles-ci regardent de plus en plus du côté des offres d’entrée de gamme et de haut de gamme. Alors que le budget santé des ménages ne cesse de s’alourdir, il s’agit pour elles de trouver de nouvelles réponses pour les assurés qui revoient leurs garanties à la baisse ou qui envisagent de ne plus s’assurer. D’où le développement de produits très simples centrés autour de garanties hospitalisation, note Jalma. A l’autre bout du spectre, la demande porte sur un enrichissement de l’offre de services. Le développement de services à plus forte dimension médicale reste encore limité, souligne toutefois le cabinet de consultant.

Pour les opérateurs, il sera d’autant plus vital d’innover rapidement que le contexte va radicalement changer dans les années à venir. Avec la pénurie de l’offre de soins, qui devrait devenir critique dès 2015-2016, comme l’annonce Jalma, ils devront plus que jamais faire la preuve de la valeur de l’assurance.

L. T., Les Echos