Cela s’est joué à peu de chose, mais le marché de l’assurance-vie est resté dans le rouge au mois de septembre. Une fois encore, les sorties d’argent (retraits et prestations décès) ont été supérieures aux cotisations encaissées. Sur ce mois, le marché a subi une collecte nette négative de 100 millions d’euros, bien moindre toutefois qu’en août (- 800 millions), d’après les statistiques publiées hier par l’Association française de l’assurance. La décollecte atteint désormais 5,1 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de l’année. Depuis le début de l’année, la collecte nette mensuelle n’a été positive qu’en février et en juillet.

Entamée à l’été 2011, cette épisode quasi ininterrompu de décollecte résulte de mouvements contraires. Tout d’abord, les assureurs ont beaucoup moins collecté sur les neuf premiers mois de 2012 (84 milliards d’euros) que sur la même période de l’année précédente (97,6 milliards). Certains réseaux bancaires, qui sont aussi les principaux assureurs-vie, ont volontairement privilégié la collecte d’épargne de bilan pour renforcer leurs dépôts afin de respecter les nouvelles normes de Bâle III. Les épargnants ont également pu être dissuadés d’investir dans l’assurance-vie au vu de l’incertitude sur sa fiscalité – a priori aujourd’hui levée -ou de la moindre rémunération offerte par les fonds en euros (tombée à 3 % en moyenne en 2011). Les chiffres du mois d’octobre pourraient, eux, souffrir du fait de la concurrence accrue du Livret A et du Livret de développement durable, dont les plafonds viennent d’être relevés.

Dans le même temps, les sommes que les assureurs ont dû verser à leurs clients ont nettement au-gmenté, passant de 81,2 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de 2011 à 89,1 milliards sur la même période de 2011. Besoin de compléter ses revenus dans un contexte de crise économique, arrivée à maturité fiscale d’un nombre grandissant de contrats, utilisation de l’assurance-vie pour réaliser un projet immobilier, etc., les raisons ne manquent pas pour expliquer cette tendance négative. Point positif pour le marché toutefois, les prestations versées au mois de septembre (8,3 milliards d’euros) sont très largement en dessous de leur niveau de septembre 2011 (10,7 milliards). Le matelas sur lequel sont assis les assureurs ne s’est par ailleurs pas dégonflé. A fin septembre, les encours s’élevaient à 1.373,5 milliards d’euros, soit une hausse de 2 % sur un an.

L. T.