Dans le jargon des assureurs, on parle de « petits graves » ou de « moyennement graves » pour désigner des sinistres déjà conséquents sans être gravissimes pour autant. Ils coûtent à chaque fois quelques dizaines de milliers d’euros, voire un peu plus. L’ennuyeux pour les assureurs, c’est qu’ils ne sont pas réassurés. Cette année, en l’absence pour l’instant de catastrophes naturelles majeures, c’est une accumulation de ces « petits » ou « moyennement graves » qui leur fait mal. « Mine de rien, la sinistralité climatique est assez forte cette année avec l’épisode de froid en février, plusieurs orages de grêle », souligne l’un des principaux assureurs habitation.

Comme le précise la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), la vague de froid de février a ainsi coûté 500 millions d’euros aux assureurs. « Ce qui équivaut à une catastrophe naturelle significative », souligne Stéphane Pénet, directeur des assurances de biens et de responsabilité à la FFSA.

Cet épisode climatique a eu un impact marqué sur la sinistralité incendie : « Avec l’utilisation de moyens de chauffage mal maîtrisés, il y a eu beaucoup plus de gros sinistres, qui peuvent atteindre de 50.000 à 100.000 euros », détaille Stéphane Pénet. En dépit d’une baisse du nombre d’incendies (- 4,8 % sur les huit premiers mois de l’année), les montants globaux versés ont, eux, nettement progressé (+ 12 %). La très forte hausse des dégâts des eaux (+ 24 % pour l’ensemble de l’exercice,d’après les estimations) est également attribuable pour l’essentiel à la vague de froid, « surtout dans le sud du pays, qui n’est pas habitué à des températures aussi basses à cette période de l’année ».

Autre fait marquant en 2012, la poursuite de la hausse des cambriolages (+ 2,2 % à fin août). « Elle était déjà très marquée en 2011 (+ 12 %). Nous ressentons clairement là les effets de la crise », observe Stéphane Pénet. Alors que l’année est loin d’être terminée, les assureurs habitation savent déjà qu’elle sera techniquement déficitaire. Le ratio combiné comptable, l’indice qui mesure la rentabilité, sera ainsi de 104 %, annonce la FFSA. La facture laissée par les trois mini-tornades qui se sont abattues le week-end dernier en Vendée, près de Marseille et dans le Var, n’est pas encore connue. « A priori, ce ne sont pas des événements très lourds, mais le cumul des trois peut représenter une charge pour les assureurs », précise Stéphane Pénet.

En automobile, la baisse des accidents se poursuit (- 1 % pour les sinistres matériels, – 1,8 % pour les corporels). A l’inverse, les coûts moyens devraient encore augmenter en 2012 de 2 % pour les sinistres matériels et de 5 % sur les corporels, du fait des dossiers les plus lourds qui se chiffrent en millions d’euros. Là aussi, le marché ne sera pas à l’équilibre, avec un ratio combiné comptable attendu à 102 %.

Tous ces éléments devraient alimenter la hausse des tarifs des assurances pour les particuliers en 2013, un sujet sur lesquels les assureurs n’ont pas encore communiqué.

LAURENT THÉVENIN