La troisième banque italienne continue sa descente aux enfers. Une semaine après le feu vert de ses actionnaires à son augmentation de capital de 1 milliard d’euros, MontePaschi di Siena (MPS) a été dégradé hier par l’agence Moody’s au rang de titre spéculatif (de Baa3 à Ba2), avec perspective négative.

Même si la décision était relativement attendue, le déclassement de MPS illustre la vulnérabilité du secteur bancaire italien qui souffre à la fois d’un niveau important de créances douteuses et de sureffectifs significatifs par rapport à la moyenne européenne. A l’issue d’une rencontre avec l’Association des banques italiennes (ABI) – aujourd’hui présidée par Giuseppe Mussari, l’ex-patron de MPS -, les syndicats lui ont demandé de faire toute la lumière sur la menace d’une vague massive de 35.000 suppressions de postes (sur un total de 325.000).

Selon la décision de Moody’s, qui a fait chuter de 6 % le titre de la banque en ouverture, il y a de « réelles chances que MPS ait besoin de chercher de nouveau un soutien externe, probablement de l’Etat ». Durement affectée par la crise de la dette européenne et sa reprise d’AntonVeneta au prix fort (9 milliards d’euros), la banque dirigée par Alessandro Viola et Alessandro Profumo a déjà bénéficié de quelque 3,4 milliards d’euros d’aides publiques. Outre la « faible qualité » de ses actifs, l’agence de notation souligne le niveau particulièrement élevé de ses créances douteuses qui représentent 17 % de l’ensemble de ses prêts, un ratio supérieur de  4 points à la moyenne de l’ensemble des banques italiennes notées par Moody’s.

« La faible rentabilité de MPS et la fragilité de ses actifs exacerbent une situation de financement difficile. Elle n’est pas en mesure de se financer sur les marchés et, par conséquent, est fortement dépendante de la Banque centrale européenne (BCE) », estime Moody’s, tout en considérant que la mise en oeuvre de son plan de suppression de 4.600 postes reste très aléatoire.

Seule banque italienne à avoir échoué aux tests de résistance de l’Autorité bancaire européenne (ABE), MPS est désormais la première des cinq plus grandes banques italiennes à sortir de la catégorie d’investissement. La décision de Moody’s coïncide avec la publication d’une récente étude de la banque d’affaires Mediobanca sur la fragilité d’ensemble du secteur bancaire italien au niveau des créances douteuses. Selon ses estimations, malgré un taux de couverture relativement élevé, les dix principales banques italiennes auraient un besoin de capitaux supplémentaires de 22 milliards d’euros – sur un besoin global de 80 milliards pour la trentaine d’établissements de leur échantillon -en vue de garantir leur niveau record de créances douteuses (85 % des capitaux propres contre une moyenne européenne de 40 %), MPS et Banco Popolare (ex-Popolare di Verona) étant les plus exposées.

Après avoir réduit ses effectifs de 40.000 postes en vingt ans, le secteur bancaire italien a déjà annoncé quelque 20.000 suppressions de postes. Mais les analystes estiment que la fourchette devrait être plus proche de 27.000 à 35.000 suppressions de postes pour se rapprocher des niveaux de productivité bancaire internationaux.

CORRESPONDANT À ROME
PIERRE DE GASQUET,