La naissance du numéro un italien de l’assurance-dommages ne se fera pas forcément sans douleur. Alors que la fusion Unipol-FonSai entre dans sa dernière ligne droite, le parquet de Turin a confirmé, vendredi, avoir mis en examen la société Fondiaria-SAI elle-même sur sa gestion passée (2008-2011) pour « falsification de bilans et entrave aux autorités de surveillance ». L’enquête vise à déterminer les responsabilités éventuelles de la famille de Salvatore Ligresti, l’actionnaire de référence, et des anciens dirigeants de l’assureur avant l’annonce de sa fusion avec Unipol. Bien que son impact sur le calendrier de la fusion soit difficile à évaluer, l’enquête intervient au moment où AXA s’intéresse au 1,7 milliard d’euros d’actifs que l’antitrust va obliger Unipol à céder dans le cadre de l’opération.

L’enquête du parquet de Turin n’est pas la seule à porter sur l’opération qui a été parfois analysée comme une forme de sauvetage « déguisé » de FonSai destiné à limiter l’impact financier sur ses deux grands soutiens bancaires (Mediobanca et UniCredit). L’association de consommateurs Adusbef a décidé d’introduire une action en nom collectif contre l’opération en accusant la famille Ligresti de s’être livrée au « sabotage systématique » des intérêts de la société au détriment des minoritaires. Le patron de Mediobanca, Alberto Nagel, est également visé par une enquête du parquet de Milan sur l’existence d’un « pacte secret » prévoyant le versement d’une indemnité de 45 millions d’euros à l’entrepreneur sicilien Salvatore Ligresti et à ses héritiers, en échange de la cession du contrôle de Premafin (holding de FonSai) à Unipol.

Malgré ces nouvelles péripéties judiciaires, l’adminisitrateur délégué d’Unipol, Carlo Cimbri, semble bien décidé à boucler la fusion avant la fin de l’année. Pour mener à bien la cession d’actifs qui devrait ramener de 500 à 800 millions d’euros de liquidités dans les comptes de la nouvelle société issue de la fusion, le numéro un d’Unipol, Carlo Cimbri, a choisi KPMG comme conseiller. Selon le « Sole 24 Ore », AXA, déjà présent en Italie à travers sa propre filiale et son association avec MontePaschi di Siena, aurait confié un double mandat de conseil à Credit Suisse et UniCredit en vue d’une offre. Une grande partie des cessions d’actifs portera sur l’assurance auto où les deux groupes italiens obtiendraient une part de marché cumulée de 37 % dans la péninsule. Parmi les autres acquéreurs potentiels figurent aussi l’allemand Allianz, le suisse Zurich, l’assureur italien Cattolica et l’américain Liberty International.

Bien qu’il ait déposé, le 11 octobre, un recours sur certaines conditions imposées par l’Autorité de la concurrence italienne (AGCM) dans la fusion Premafin-FonSai, Unipol estime que celui-ci ne devrait pas retarder le processus de cession.

PIERRE DE GASQUET, , Les Echos