Sous LBO depuis 2009, Gras Savoye lève aujourd’hui le voile sur son avenir.« L’objectif reste bien que Willis [aujourd’hui actionnaire à 31,8 %, NDLR] prenne 100 % du capital », explique aux « Echos » François Varagne, le directeur général du premier courtier français d’assurances, également détenu par le fonds Astorg et les familles fondatrices, Gras et Lucas.

A l’entendre, Gras Savoye est déjà plus qu’une participation financière pour le courtier anglo-américain. François Varagne met ainsi en avant « la collaboration et les synergies déjà très fortes » entre les deux partenaires, qui répondent par exemple ensemble à des appels d’offres internationaux. Pour le troisième courtier mondial, le réseau de distribution de Gras Savoye en France, en Europe et en Afrique, très complémentaire du sien, représente aussi un attrait indéniable.

Willis pourra faire jouer en 2015 une option d’achat pour prendre le contrôle. Mais il est désormais envisagé que ce « call » ne s’exerce qu’en 2016  : « Il y a des discussions entre Willis et Astorg sur le calendrier », précise François Varagne.

A la tête de Gras Savoye depuis avril, l’ex-patron d’Antargaz devrait présenter un plan stratégique triennal d’ici à la fin de l’année. « Nous sommes à un moment où le groupe a besoin de se poser et de réfléchir à sa structure de coûts. Gras Savoye est une entreprise en très bonne situation financière avec une dette qui sera inférieure à 80 millions d’euros à la fin de l’année pour un cash aux alentours de 150 millions d’euros. Elle gagne de l’argent mais en dépense peut-être trop sur certaines fonctions supports », expose-t-il. Gras Savoye réfléchit à une réorganisation des fonctions « back office » et notamment des plates-formes de gestions de sinistres.

Interrogé sur le volet social de son plan, François Varagne répond seulement« qu’il y aura des adaptations nécessaires ». « Mais tout cela doit d’abord être discuté avec nos actionnaires. Pour l’instant, un plan de sauvegarde de l’emploi n’est pas à l’ordre du jour », ajoute-t-il. Au siège parisien, une centaine de départs sont déjà survenus depuis le début de l’année via des ruptures conventionnelles ou des licenciements non économiques, selon les décomptes des syndicats, qui ont mandaté un expert indépendant pour avoir une meilleure vision de la situation économique du groupe. « Il y a eu une soixantaine de départs tout au plus depuis mon arrivée, essentiellement dans des fonctions supports, administratives et de gestion au siège », indique François Varagne, qui a par ailleurs resserré l’équipe de direction.

Le courtier affirme que ces départs n’auront pas d’impact sur le chiffre d’affaires, pour l’instant stable en 2012, après avoir baissé de 1,3 % l’année précédente.« Les équipes commerciales ont été peu touchées, et nous continuons au contraire à recruter des chargés de clientèle en régions et à Paris », précise-t-il.

Sans dévoiler d’objectifs chiffrés, Gras Savoye va donner dans les années à venir la priorité à l’international -déjà présent dans 42 pays, il va s’installer bientôt au Kenya et en Ouganda, puis au Nigeria et au Qatar en 2013 -, à ses activités régionales -il dispose d’un réseau sans équivalent en France et n’exclut pas de nouvelles acquisitions -et aux assurances collectives.

LAURENT THÉVENIN, Les Echos