Tout à sa volonté de surveiller de bien plus près qu’avant la crise la solidité du système financier, le régulateur britannique suscite une nouvelle fois la colère de la City. Cette fois, ce sont les transactions dites « swaps de liquidité », conclues entre les assureurs et les banques dans le but d’améliorer les ratios de liquidité de ces dernières, que l’Autorité des services financiers (FSA) a en ligne de mire. Selon la British Bankers Association (BBA), l’approche du gendarme des marchés financiers en la matière est « complètement inappropriée ». Le débat qui a lieu outreManche pourrait avoir des échos en France, où les banques ont aussi recours à ce type d’opérations (« Les Echos » du 26 mai 2011).

Ces swaps fonctionnent de la façon suivante : désireuses de détenir des titres d’Etat parce qu’ils sont les seuls reconnus comme liquides par les régulateurs, les banques sollicitent les assureurs, qui en détiennent beaucoup. Elles leur proposent de les échanger contre des titres non éligibles au ratio de liquidité, comme des obligations d’entreprise, de la dette assise sur des actifs, par exemple immobiliers, ou tout autre type de prêt. Les assureurs s’y retrouvent en étant rémunérés pour le surcroît de risques qu’ils prennent.

« Pas de nouvelles règles »

Ces swaps de liquidité se sont développés à partir de la fin 2008, lorsque les banques ont eu de sérieuses difficultés à trouver des ressources facilement mobilisables pour faire face à leurs échéances courtes. Leur nombre s’est accru avec le durcissement de la réglementation du secteur à l’échelle internationale, notamment dans le cadre de Bâle III, qui a renforcé les contraintes de position de liquidité.

La FSA estime que ces transactions peuvent fragiliser l’équilibre du système financier. Elle a lancé une consultation sur le sujet en juillet, qui doit se terminer ce mois-ci et qui aboutira à des« recommandations » -« pas des nouvelles règles », précise la FSA -le moment venu. Le gendarme britannique veut en particulier s’assurer de la solidité des titres apportés par les banques dans l’échange. En jeu aussi, les conséquences d’une plus grande interconnexion entre les banques et les assureurs, car elle pourrait rendre ces derniers plus vulnérables. Selon le « Financial Times », une demi-douzaine de transactions de ce type ont déjà été suspendues par la FSA, Lloyds Banking Group étant concerné. A la faveur de cet exercice de consultation, la BBA a rétorqué que ces transactions étaient bénéfiques pour l’économie et que la réglementation actuelle était suffisante.

En France, les assureurs-vie détiennent plus de 500 milliards d’euros de titres d’Etat. Si le développement des swaps de liquidité a démarré en Suisse puis aux Etats-Unis, il s’est répandu en France : BNP Paribas, Société Générale et Natixis en auraient négocié. Les régulateurs sont aussi vigilants.

NICOLAS MADELAINE , Les Echos